Un innocent est exécuté sur la chaise électrique, un scientifique décide de le ramener à la vie.
Une petite pépite méconnue
Le film noir est un genre influent du cinéma. Pour faire simple, cette appellation se forge à partir d’un mécanisme narratif qui vise à imposer à un personnage une situation dont il n’est pas responsable. Le prologue de « Le Mort qui Marche » est loin de constituer un exemple d’anthologie : un homme sera le bouc-émissaire d’un meurtre fortement médiatisé. Pour ça, on préfèrera plutôt celui de « Assurance sur la Mort » de Billy Wilder, bien plus représentatif.
Et pourtant, l’introduction est saisissante. L’étiquette « film noir » ne devient qu’un tremplin pour basculer vers un mélange des genres qui fera émerger les grandes thématiques à venir : les abus de la science, la mort, la vie, l’âme, et la création.
Carabistouilles de riches
C’est dans une ambiance propice à la méfiance que le récit pose les conditions de son univers. Les ombres de personnes influentes planent au-dessus de la justice et de la morale pour pérenniser le crime et conserver ainsi une forme de pouvoir illimité. Tout ira très vite, et le film ne s’embarrassera pas d’une grande complexité psychologique : un avocat qui joue contre ses clients, des riches qui utilisent les pauvres. La morale humaine n’existe simplement plus.
Parfois il n’y a pas besoin que de grandes ambivalences jalonnent le récit pour qu’il soit captivant. Il suffit de présenter toute la froideur de l’être humain telle qu’elle peut l’être pour nous happer instantanément. Ce qui intéresse avant tout Michael Curtiz c’est d’enclencher les rouages essentiels de la corruption pour finalement effectuer un virage serré vers une autre direction artistique. Car quand l’accusé passe sur la chaise électrique, la science vient le sauver en défiant les lois de la nature pour le ramener à la vie.
Châtiment d’une âme en peine
Comme promis, c’est une bascule vers un autre genre. On ne parlera jamais ici d’épouvante puisque le ressuscité n’est pas caractérisé par ses codes éculés. Ce n’est ni un zombie ni un Frankenstein : l’homme revient d’un endroit dont aucun autre n’est revenu, et le cerveau humain n’est tout simplement pas apte à comprendre son traumatisme.
Pourtant, le film désire user d’une mise en scène qu’on pourrait facilement attribuer aux Frankenstein, Dracula, et à d’autres créatures populaires. La magie du décor en fait tout le charme avec ce jeu des clair-obscur qui alimente une photographie gothique. Une cohabitation improbable qui fonctionne cependant très bien. C’est même un ingénieux renfort de cette atmosphère si étrange qui immisce des énergies surnaturelles dans un monde bien réel.
Conclusion
Méconnu du grand public, « le Mort qui Marche » arrive quelques années après le « Frankenstein » de James Whale. En comparaison, l’effroi n’est pas vraiment au rendez-vous malgré sa classification en épouvante-horreur. Il s’agit plutôt d’une œuvre qui s’amuse à jouer avec les codes qui universalisent habituellement le genre horrifique mais sans jamais y pénétrer entièrement. On en verra certes un écho dans sa portée visuelle, mais d’un point de vue narratif nous sommes dans le style des films noirs.
Le Seigneur, notre Dieu, est un Dieu jaloux