Malick, fournisseur d'espoir et de simplicité depuis 1975
Quatrième film de Terrence Malick, Le Nouveau Monde a, en 2005, la lourde tâche de succéder à La Ligne Rouge dans la filmographie du réalisateur. Fidèle à ses principes, Malick nous livre une histoire d'amour entre une indienne et un colon, tout cela retranscrit dans une reconstitution historique des premières colonies des pèlerins anglais du XVIe siècle en Amérique.
J'ai dit fidèle à ses principes. On peut même dire: trop fidèle à ses principes. A ses défauts, plus précisément. Le simple fait que le résumé que je viens de faire du film ne soit pas davantage développé montre combien l'intrigue en elle-même ne l'est pas. Avec Le Nouveau Monde, nous n'avons donc toujours pas affaire à un scénario réellement solide dans un film de Malick (bon, à part la Ligne Rouge). On retrouve également cette manie de filmer la nature: cette fois encore, hautes herbes, potagers, cultures, dindons, Colin Farrell: tout y passe.
Si l'on pouvait excuser à chacun des trois premiers films de Malick leurs longueurs et leurs légèretés de scénarios, parce qu'ils apportaient à chaque fois une touche nouvelle, originale, ici c'est plus difficile. Le Nouveau Monde ne présente en effet que des caractéristiques que l'on trouvait déjà dans les films précédents de son réalisateur: l'aspect amour interdit dans La Balade Sauvage, l'aspect de la vie simple et amoureuse dans Les Moissons du Ciel, et l'aspect du ridicule des conflits opposément à la beauté de la nature dans La Ligne Rouge. Ces trois aspects enlevés au film, il ne reste plus qu'un simulacre de Troie, qui finit en Roméo et Juliette teinté d'une voix-off qui marche moins bien qu'avec les films précédents. Ajoutez à cela un Colin Farrell bien trop lisse et un Christian Bale pas vraiment à son meilleur niveau, et vous obtenez un bon aperçu du film.
Je suis de mauvaise foi bien sûr, car le film propose tout de même quelques petites choses intéressantes: au niveau du casting déjà, Q'Orianka Kilcher propose une belle Pocahontas. Au niveau de la musique, la partition de James Horner succède avec brio à celles de Morricone et de Zimmer, même si elle est portée par un thème principal qui colle extrêmement bien au discours tenu par le film. Car oui, même si j'ai pu passé les deux derniers paragraphes à dire le contraire, le film a un discours: sorte d'Avatar sans images de synthèse, il se base sur une histoire d'amour qui se veut le plus souvent tacite et touchante, même si l'émotion qu'elle dégage penche parfois très dangereusement vers le niais. Mais il ne faut pas oublier de prendre le film au second degré: les métaphores de Malick sont toujours disséminées dans les plans, enrichissant son récit (et sauvant les meubles). Pas le meilleur film de Malick en conclusion, loin s'en faut, mais un poème long et agréable si on aime le style presque biologique de son réalisateur, et long et tortueux dans le cas contraire.