Après la guerre sans rencontre de La Ligne Rouge, Terrence Malick nous propose la guerre malgré la rencontre. Des colons approchent des côtes de la future Virginie. Nous assistons à la sidération des Indiens face à l’accostage majestueux des caravelles anglaises. Qui sont ces hommes ? Des aventuriers, des crapules et des enfants. Les femmes et les pasteurs seront du second voyage. Que recherchent-ils ? Le vieux Christopher Newport (Christopher Plummer), un homme à poigne, leur promet un nouveau monde, un paradis sur terre. Prudent, il gracie le capitaine John Smith (Colin Farrel), le seul véritable guerrier de sa troupe. Tandis que Newport retourne au pays annoncer la bonne nouvelle, les colons, laissés à eux-mêmes, s’abandonnent à l’oisiveté. Le paradis n’est pas vierge, les Indiens observent. Smith part à leur rencontre. À nouveau condamné à mort, il doit la vie à Pocahontas (Q'orianka Kilche), la fille du chef. Les Algonquiens sauveront les colons de la famine, mais céderont leurs terres aux envahisseurs. La colonisation est lancée. Voilà pour l’histoire.
Malick aime la nature, tout particulièrement les rivières calmes et les interminables futs d’arbre rectilignes vus en contreplongée. Sa caméra s’attarde sur les nuées vides d’un ciel blanc. La Virginie est belle, mais le soleil y est rare. Les températures fraichissent et la terre s’avère infertile. La nature est âpre, jamais idéalisée. Incapables de vivre dans les marais, les étrangers peinent à survivre au premier hiver, aux rivalités intestines aggravées par leur avarice, au lieu de cultiver la terre, ils cherchent de l’or. Les survivants s’adapteront.
Sa Pocahontas est une jeune fille solaire et dansante qui tombe amoureuse d’un aventurier. Honnête, il tente de la prévenir, mais elle ne l’entend pas, ne le comprend pas. Les mots leur manquent. Les voix of s’interpellent, sans se rencontrer. Malick se confronte à l’amour fou, une énigme qui est, après la beauté de la nature, la seconde preuve de l’existence de Dieu. Dans ses premiers films, l’amour unissait des amants maudits. Ici, l’amour fou se révèle plus pur, mais inégalement partagé. La belle aime trop. Smith prend peur et s’enfuit, cédant sa place au beau John Rolfe (Christian Bale).
Malick associe la musique de Mozart, le concerto pour piano nº 23, à la contemplation panthéiste. Tandis que les colons dépérissent, les Indiens, aux greniers pleins, jouent et dansent. Dans ce monde, qu’il soit ancien ou nouveau, l’innocence est impossible.