"Les certitudes rendent les hommes aveugles, et fous. Elles peuvent dévorer leur cœur, et les changer en bêtes...
Le pays de Gévaudan s'enfonçait peu à peu dans les ténèbres."
Christophe Gans (Crying Freeman), voilà un réalisateur français plein d'inspiration et d'audace qui ose mélanger les genres. Film historique en costumes, film fantastique et d'arts martiaux, une combinaison risquée presqu'unique dans sa catégorie, qu'on prend un malin plaisir à revoir bientôt 20 ans plus tard.
"Une truite velue, Monsieur, vous vous moquez !"
Nous suivons le chevalier Grégoire de Fronsac (Samuel Le Bihan), un naturaliste à la cour du roi, ayant des faux-airs d'Indiana Jones français du 18ème siècle. Explorateur et taxidermiste émérite, il affectionne exhiber ses trouvailles lors de grandes tablées. Il est accompagné de Mani (Mark Dacascos, le Crying Freeman) dont le silence dissimule une force tranquille et qui apporte une touche d'exotisme : "un étranger dont on ne savait rien de lui."
La bête du Gévaudan est une légende bien française, notre loup-garou national tout aussi mystérieuse que ces tsiganes et leur pratiques occultes. Pour en venir à bout, nos héros devront inventer des pièges dignes de Rambo First Blood, Predator ou encore des Aventuriers de l'Arche perdue. La transition entre les scènes en costumes et les scènes de traque ou de combats est des plus réussie, le tout dans des décors baroques et de ruines entourées de végétation rappelant Sleepy Hollow.
Vincent Cassel, en bad guy, interpréte ici l'un de ses personnages les plus amusant. Le visage fardé, élégant, dans un costume à sa mesure, il est raffiné et pervers. Un adversaire de style échappé d'un manga d'Heroic Fantasy, dans une France envahie par peurs, croyances et manipulations. La scène du glaive en os est des plus désopilante ! Un rôle qui le rapprochera de Monica Belluci, à la beauté et au regard hypnotiques, mais dotée d'un éventail tranchant.
Brotherhood of the Wolf !
Le Pacte des Loups est un excellent divertissement d'aventure ayant eu un certain succès à l'international. Une fierté et une exception française, n'ayant rien à envier aux meilleures productions Hollywoodiennes ou Hongkongaises. Sur fond de révolution française, il y a absolument tout pour nous évader, y compris un bordel clandestin où Mani fera le difficile...
Alors, certes, l'interprétation prête parfois à sourire, les pirouettes martiales sont proches de l'excès de zèle et les effets spéciaux signés Jim Henson's pas toujours réussis. Le ton assez souvent décalé voire involontairement maladroit, ou les répliques de Jean Yanne en parfait anachronisme, m'évoquent ce sketch des Inconnus : Les liaisons vachement dangereuses !
"Je n'y prenais pas garde, tandis que sans songer à mal, je vous regarde,
Votre œil, en habit noir, frappe en mon cœur un coup,
Au Loup, au loup, Au Louuuup !!!"