Du nanar, du pur, du genre que quand on met l’nez dedans, on continue jusqu’au bout, car on se dit que ça va s’arranger. Ben, en fait, non.
Rien que l’histoire est magnifique. Une bergère à l’opulente poitrine, alors qu’un de ses agneaux a eu la bonne idée d’aller se fourrer dans de la vase, se fait dévorer toute crue (avec le petit clin d’œil aux Dents de la mer) en voulant le sauver. Deux hommes arrivent vêtus comme les cow-boys de Sergio Leone (je rappelle à ceux qui ne connaissent pas le film qu’on est vers 1765 en plein Gévaudan, notre far-west local), et ils mettent une branlée façon kung-fu à des hommes déguisés en femmes qui en voulaient à un père et sa fille.
Les deux ninjas s’avèrent être un envoyé du roi, Fronsac, (mélange de Sherlock Holmes, d’Artagnan, Karaté Kid (c’est Samuel Le Bihan)) et Mani son copain indien (c’est pour ça qu’il maîtrise le kung-fu, c’est bien connu). Ils viennent pour enquêter (car il y a eu plusieurs morts, faut suivre).
Ils sont logés chez le marquis d’Apcher et son neveu, tous deux de bons gars, ça se voit au style dépouillé de la maison. Ils font la connaissance de la famille Morangias, d’horribles bourgeois ultra-réacs, d’ailleurs, ils ont des goûts de chiotte pour la déco de leur château. Toute la fange christiano-bourgeoise se livre à des libations régulières chez eux. Bon, j’accélère, car on est encore là demain.
Des loups sont abattus, car suspects d’être les tueurs en série des petites gens du coin, ce qui ennuie Mani qui se fait des trips hallucinogènes où il est le roi de la Nature. Et ce qui déplaît à Fronsac, car il sait que ce ne sont pas les loups qui ont tué. Apparaît alors Monica, dont les seins servent de fondus enchaînés à des montagnes. Bref, Fronsac rentre à Paris, les loups sont coupables et fin de l’histoire.
Non, hélas. Fronsac et Mani reviennent car d’autres morts ont lieu. Mani est tué, car il s’est trop aventuré dans la grotte, Fronsac décide de le venger et on découvre que ce sont les Morangias et le curé qui ont ourdi un complot visant à faire peur.
Mais, bon, à ce stade, faut reconnaître qu’on se fout du pourquoi et du comment de l’histoire, et qu’on assiste médusé à un combat mélange de capoeira, de démarche de mecs bourrés et d’un épisode de SAN KU KAÏ, opposant petit scarabé et le mari de Monica, qui est très méchant. Je passe sur l’épée télescopique de Vincent Cassel (rien de sexuel, ce qui aurait au moins été fun), sur les combats kung-fu de Samuel le Bihan (on dirait une danseuse du Bolchoï sous ecstasy, et c’est dommage, car c’est un acteur que j’aime plutôt), et d’autres facéties du réalisateur. La bête ressemble à une Twingo à qui ont aurait collé des yeux et des piques sur le capot, il ne lui manque plus que le Klaxon et les jantes larges.
Christophe Gans s’est lâché. Il y a plein de clin d’yeux à de multiples références cinématographiques (films de sabres, films de la Hammer, giallo, cinéma d’aventures des années 50). Ça ressemble à “CAPITAINE FRACASSE” réécrit après une fête de la bière trop arrosée.
Mais, bon, un film possédant un fondu enchaîné des seins de Monica avec des montagnes enneigées ne peut pas être tout à fait mauvais.