Ah, Le Pacte des Loups ! Ce film qui, en 2001, a voulu revisiter l’une des plus fascinantes légendes françaises avec une ambition démesurée et un cocktail improbable : du fantastique, du mystère, des combats chorégraphiés façon kung-fu et une dose d’excès typique du cinéma des années 2000. Vingt ans plus tard, tient-il toujours debout sur ses pattes griffues ?
Un spectacle visuel léché
S’il y a bien un point sur lequel Le Pacte des Loups ne faillit pas, c’est son esthétique. Les décors naturels sont à tomber, les costumes somptueux et la photographie baigne dans une ambiance gothique envoûtante. Christophe Gans, réalisateur passionné, ne lésine pas sur la mise en scène et offre un film visuellement spectaculaire. La France du XVIIIe siècle n’a jamais paru aussi sublime… et aussi dangereuse.
L’intrigue suit Grégoire de Fronsac (Samuel Le Bihan), un naturaliste et aventurier mandaté pour enquêter sur les attaques sanglantes qui terrorisent le Gévaudan. Accompagné de son inséparable frère d’armes Mani (Mark Dacascos), il va devoir démêler une conspiration aux ramifications plus profondes qu’un simple monstre errant dans les bois.
Une fusion des genres parfois maladroite
Ce qui rend Le Pacte des Loups si unique, c’est aussi ce qui peut le desservir. Mélanger l’action, l’horreur et le film d’aventure, pourquoi pas. Mais à force de vouloir tout embrasser, le film donne parfois l’impression de vouloir trop en faire. Les combats, certes stylisés, surprennent dans un contexte historique aussi réaliste, mais bon, tant qu’à y être, pourquoi pas. Après tout, un peu d’anachronisme bien dosé peut être savoureux.
Là où le bât blesse, c’est plutôt dans le sentiment diffus que le film frustre autant qu’il séduit. L’intrigue est solide, l’ambiance prenante, et pourtant on sort avec l’impression qu’il manque un petit quelque chose. Peut-être un poil plus de sobriété, ou un recentrage sur l’essence du récit au lieu de se disperser dans des ajouts stylistiques superflus.
Un casting impliqué
Côté casting, on est sur du solide. Samuel Le Bihan tient son rôle de héros des Lumières avec prestance, même si son charisme reste parfois en deçà des attentes. Mark Dacascos, en guerrier iroquois mutique, apporte un vrai dynamisme aux scènes d’action. Et que dire de Monica Bellucci, en courtisane énigmatique, qui capte l’attention à chaque apparition ? Vincent Cassel, toujours à l’aise dans les rôles de nobles vénéneux, joue ici avec un plaisir évident.
Une légende revisitée avec panache, mais…
Le Pacte des Loups est un film à part dans le paysage du cinéma français. Audacieux, généreux, parfois excessif, il tente une fusion des genres rarement vue à cette échelle. Le résultat est un divertissement qui en met plein la vue, mais qui peut laisser un goût d’inachevé. Est-ce un film culte ? Probablement, oui. Est-ce un chef-d’œuvre ? Pas vraiment.
À voir pour ses ambitions folles, son atmosphère fascinante et son audace visuelle. Mais aussi avec la conscience que, sous sa pelisse de grand spectacle, la bête aurait pu mordre encore plus fort.