Charlie,un italo-américain de New York,pourrait mener une vie tranquille mais il a deux gros problèmes qui l'en empêchent:de sérieux ennuis financiers dus à son ex-femme et son cousin Paulie,qu'il traîne comme un boulet.Jusqu'au jour où Paulie le branche sur un énième coup foireux qui va mettre leurs vies en danger.Stuart Rosenberg était un bon réalisateur des années 70-80 et sortait de deux gros succès,le premier "Amityville" et "Brubaker",excellent film de prison avec Robert Redford."Le pape de Greenwich Village" ne connaîtra pas la même fortune et est généralement considéré comme un film très moyen,ce qui,malgré les défauts de l'oeuvre,est plutôt injuste.Il s'agit en fait d'un polar noir de bonne tenue,aux accents de tragédie antique,qui,en plus de nous plonger dans le New York crasseux des eighties,suit des personnages de losers qui,en voulant réussir,s'enlisent inexorablement dans une funeste spirale.Les rapports entre les deux cousins constituent la base de l'histoire;et le moins qu'on puisse dire est qu'ils sont surprenants,tant ils sont imprégnés d'homosexualité latente.Ce n'est jamais ouvertement exprimé,Charlie,divorcé et père d'un enfant,a une petite amie canon tandis que Paulie est tout émoustillé et se met à draguer dès qu'il aperçoit une jolie fille.Et pourtant les deux garçons sont en permanence collés ensemble,se touchent volontiers,s'embrassent à l'occasion,se baladent dans la rue bras dessus-bras dessous,et la mansuétude de Charlie envers Paulie,en dépit des ennuis qu'il lui attire,finit par être suspecte.On peut aimer son cousin mais là,ça semble aller un peu loin.Le film est également symptomatique des dérives de son époque.Nous sommes dans les années fric,celles des paillettes et de l'argent facile,et les deux loustics veulent leur part du gâteau,vite et sans se fatiguer.Ce ne sont que des demi-sel,pas de vrais gangsters,mais ils ne veulent pas,à l'instar de leurs aînés,travailler pendant des décennies pour obtenir une vie confortable et ils vont tenter leur chance dans l'illégalité.Certes,le film ne manque pas de points faibles.Il est trop bavard et les personnages,stupides et antipathiques,provoquent plus l'indifférence que l'intérêt.Charlie est miné par une violence qu'il a du mal à contenir et par la faiblesse morale dont il fait preuve vis-à-vis de Paulie.Quant à ce dernier,c'est le prototype du pauvre mec.Grande gueule et pas malin,éternellement fourré dans des affaires lamentables,c'est un raté persuadé d'être destiné à mener la grande vie.Il est amusant de voir leurs interprètes,Mickey Rourke et Eric Roberts,du temps où ils étaient jeunes et beaux.Mais ils ont ici une fâcheuse tendance à cabotiner outre-mesure,surtout Roberts qui nous sort une de ces compositions insupportables dont il a le secret,faisant d'un personnage déjà gratiné un véritable guignol.Heureusement,ils sont solidement entourés.Darryl Hanna joue juste et elle est un enchantement pour les yeux,tandis qu'une formidable bande d'acteurs chevronnés à gueules patibulaires occupent les seconds rôles.Citons Burt Young en parrain mafieux impitoyable,Tony Musante en homme de main en proie à un terrible dilemme,et M.Emmet Walsh en flic ripou craignant d'être découvert.Il est à déplorer que la fin soit bâclée,abrupte,et empreinte d'un ton rigolard en totale inadéquation avec l'ambiance du film.