Premier film du réalisateur belge Zeno Graton, Le Paradis est un film de violence et d'amour où les personnages du film sont en quête de liberté, l'intrigue se déroulant dans un centre éducatif fermé pour jeunes délinquants mineurs visant la réinsertion.


Le film s'attachera à une personnage central, Joe, qui tombera assez rapidement amoureux d'un nouveau détenu, William, qui deviendra l'autre personnage important de ce long-métrage.

Il s'agit donc d'un film de romance homosexuelle au sein d'une prison. Sujet sensible et casse-gueule, tant il est possible d'accumuler énormément de clichés sur ce sujet.


Si je vous avait déjà récemment évoqué le film Le Bleu du Caftan qui aborde des thématiques centrales similaires à ce film (liberté et homosexualité, entre autre) qui m'avait beaucoup marqué et que j'avais trouvé sublime, ici, il s'agit de la formation d'un couple homosexuel "interethnique" dans un lieu fermé et qui m'a un peu moins enchanté.


Premier hic déjà, les personnages secondaires sont plutôt maladroitement écrits tant ces derniers se révèlent être assez caricaturaux, même si attachants malgré tout.


Second hic, le réalisateur m'a semblé avoir un peu de mal à hiérarchiser ses choix quant au développement de ses propos sur la liberté et à amarrer ces personnages à l'intrigue.

Mais même si cette démarche est maladroite, elle permet d'appuyer certains propos de façon pertinente au travers de scènes très fortes.


Il n'empêche que j'ai eu la désagréable impression d'avoir vu un film qui peinait un peu à savoir sur quoi réellement s'ancrer entre la romance et la dénonciation de la condition et de l'évolution de ces mineurs en milieu fermé.


Le réalisateur a tenté tant bien que mal de concilier ces deux aspects mais il s'avère que cela déséquilibrera plus le film qu'autre chose en raison de ce choix.


La première partie du film regorge d'approches intéressantes, surtout en terme de mise en scène, mais ces approches m'ont paru tellement sous-exploité que c'en était presque rageant.

La seconde partie se focalisera plus sur l'évolution du couple Joe/William et m'a paru bien plus maîtrisée même si plus formelle que cette première partie. Elle gagnera, par ailleurs, bien plus en intensité.


Cependant, et fort heureusement, le film est très d'être loin un navet et regorge de qualités qui lui sont propres :


Les acteurs sont excellents, certaines scènes sont extrêmement marquantes et, même s'il y a plusieurs loupés à ce niveau-là, on sent que l'envie de parler des différentes formes de la notion de liberté (amoureuse, de déplacement, de choix, sexuelle...) a été traversé par une certaine rage, une certaine vigueur et surtout l'envie de montrer à l'écran deux mondes semblant irréconciliables mais qui se battent pourtant pour la même chose, la liberté, leurs libertés.


C'est fait avec une telle puissance et une telle sensibilité que ça ne m'a clairement pas laissé indifférent, à l'instar de sa scène introductive ou de la scène de l'incendie, et ce n'est clairement pas un film que l'on pourrait accuser d'être insincère dans sa démarche.

Et ce sans compter sur la bande-son du film, composée par Bachar Mar-Khalifé, excellente et très soignée.


Même si "Le Paradis" contient son lot de ratés, il n'empêche qu'il s'agit d'un film généreux, qui ose des choses, qui n'a pas peur de se planter en raison de cette démarche audacieuse et qui s'avère être, au bout du compte, un premier film très intéressant de la part d'un réalisateur qui, selon moi, comptera à l'avenir dans le cinéma francophone et qui sera à suivre de très près.

(Et puis c'était amusant de demander une place pour le paradis au guichet)

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le 28 mai 2023

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