Qui prend vraiment le temps de lire une critique avant de se décider à visionner un très court-métrage de 7 min ? (Ou après l'avoir vu pour en déceler les détails inaperçus voire un sens caché ?) Quel idiot s'amuse par conséquent à écrire une critique après avoir l'avoir vu ? Pensant qu'il faut néanmoins laisser sa chance à une toute petite œuvre ou à un haïku, et que, même une œuvre absurdement minuscule ou un haïku peuvent changer une vie, l'auteur de ces lignes ne se ravisera pas de les avoir écrites.
Le film joue admirablement avec quelques sensations éprouvées par le piéton sous la pluie. D'abord, ce sentiment qu'une ville est minérale sous un soleil de plomb alors qu'une quantité incalculable de détails se met à exister sous la pluie. En particulier, les premières gouttes apportent une densité aux pavés sinon banals. Plus sombre, la séquence du parapluie fauché par une voiture n'est pas sans rappeler la confrontation à la vitesse souvent excessive des voitures en ville et me remémore ces moments peu appréciables où mes habits jusque-là peu ou prou secs se retrouvèrent en un instant trempés après le passage d'une berline sur une flaque. Tout finit bien pour notre parapluie et je me remis bientôt à chantonner, et pourquoi pas, petit fou, à sauter de flaques en flaques, heureux sous la pluie.
Le paradoxe est qu'il faut oublier son parapluie pour pouvoir apprécier la pluie ou mieux, le fermer et l'utiliser comme Gene Kelly chantant sous la pluie. Sinon, comment, se moquer des nuages si noirs dans le ciel ?