I Believe in America

Chef d'oeuvre absolu, Le Parrain reste à mes yeux le plus grand film, celui qui reste dans la tête et que je ne peux m'empêcher de regarder jusqu'au bout lorsque je tombe dessus lors d'une diffusion télé (alors que j'ai bien du le voir plus de 20 fois ...).

Ce premier volet a tout simplement révolutionné l'industrie cinématographique: en effet, il a fait basculer Hollywood dans sa plus grande décennie, celle qu'on a appelé Le Nouvel Hollywood avec l'arrivée de nouveaux réalisateurs talentueux (Coppola et une mise en scène magistrale avec 10 idées par plan durant les trois heures) et des jeunes acteurs qui ne correspondaient pas du tout au profil recherché (Al Pacino, Duvall, Caan, Cazale).

Passionnant de bout en bout, des scènes mythiques (l'introduction avec le mariage, la scène du cheval, la mise en scène des tueries, le montage parallèle lors du baptême...Bref mes dix doigts ne sont pas suffisants pour arriver à compter...), Le Parrain raconte beaucoup plus l'histoire tragique d'une famille, la destinée d'un homme et celui d'un vieux monde qui s'écroule pour laisser la place à une nouvelle génération (après coup on peut y voir une parabole avec le Nouvel Hollywood), la mafia n'étant ici qu'un prétexte. Coppola parvient à faire le lien non seulement à travers son récit mais au travers également de son casting en employant le grand, l'immense Brando en Don Corleone (influençant toute une filiation d'acteurs) ou encore Sterling Hayden dans le rôle du capitaine de Police McCluskley. Le Parrain conceptualisa presque le fameux American Dream, en tout cas sa face cachée au travers de l'ascension de Michael Corleone interprété par un Al Pacino monstrueux dans tous les sens du terme.

Le Parrain est un film intemporel: 40 ans après sa sortie, il reste non seulement cité régulièrement dans le Top 3 des plus grands chefs d'oeuvre de l'Histoire du Cinéma mais est devenu un élément de pop culture qui se retrouve régulièrement utilisé dans les séries et autres opus cinématographiques, preuve d'une grande influence encore aujourd'hui.

Mais cet héritage est pourtant une souffrance quand on voit l'état actuel du cinéma: lorsque la porte se voit refermer sur Kay, un pincement au coeur survient, car plus rien ne sera jamais pareil, ni pour le personnage de Diane Keaton, ni pour nous simples spectateurs de cette merveille et pour cause: qui encore aujourd'hui est capable de faire un film comme Le Parrain?....