"Le Parrain 2", c'est un peu la Rolls des suites au cinéma. La seule prolongation ayant une aussi belle carrière, une place à la Bibliothèque cinématographique d' Amérique, un couronnement d' Oscars (avec "le retour du roi", même si c'est pas concrètement une suite)... "le Parrain", ça atteint vite les superlatifs. Et malgré que je lui préfère largement le premier, auquel aucun autre adjectif que Monumental correspond, ce film est quand même impressionnant, pour des tas de raisons !
"Le Parrain 2", c'est avant tout un putain de scénario doublé d'une putain de mise en scène. Rarement un tel mariage artistique aura été si fusionnels. Sans l'autre, ils sont comme démunis, ils ne forment qu'un. Le théâtre comme mariage à la violence. Il est un parfait exemple de la suite qui parle bien de son prédécesseur, sans non plus être écrasé par celui-ci. On suit l'ascension de Vito Corleone, bien loin de la violence de celle d'un Scarface. En parallèle, comme un miroir inverse, on a Michael entamant sa chute, jusqu'à ce terrible remords qui le pliera jusqu'à la fin de sa vie. L'alternance n'est en aucun cas gênant, les histoires restent extrêmement suivies de près et conservent leur intensité sans problèmes. Dans la partie Vito, déjà une évidence attristante: De Niro, malgré que c'était un grand acteur, n'arrive pas à refaire le miracle de Brando. Ce n'est pas de sa faute, qui aurait pu remplacer ce personnage, même jeune ? Si Monsieur Brando avait moins de soucis d'égo ou de cupidité, on aurait eu encore mieux... Il n'empêche que cette face-là, beaucoup plus simple que celle de Michael, est passionnante. Coppola et Puzo ont quand même trouvé la trouvaille de planter l'idée d'une des plus grandes familles mafieuses à partir d'une représentation d'opéra ! Pour la mise en scène, le premier assassinat de Vito reste exemplaire. Côté Michael, Pacino a désormais la tâche de reprendre le film sur son dos, quand Brando et Caan le faisaient sur le premier. Il tient le défi haut la main, c'est un acteur bluffant. C'est hallucinant de penser que c'est le même mec qui joue Tony Montana, alors qu'ils exercent la même profession ! La partie Michael est la plus imposante dans le film, en terme de durée et de complexité. Le clin d’œil géant au premier film, avec la fête en scène d'introduction, met tout de suite dans l'ambiance, lente comme un cortège funèbre, mais magnifique. Après la scène d'attentat (rarement une séquence aussi importante pour un film aura été aussi... figurative), le scénario s'emballe. Ça devient un tas de nœuds. Même le spectateur ne comprend pas la stratégie de Michael, en tout cas pour les premières visions. Faut dire qu'il dit à tout le monde qu'il va tuer un autre, puis paf, d'un coup, il embrasse son frère en lui disant qu'il sait que c'est lui quia essayer de le tuer... j'ai jamais réussi à comprendre comment il avait fait, tellement c'est compliqué. Peut-être un peu trop, il finit par déconcentrer le spectateur. La durée n'arrange pas, le rythme lent n'est pas fait pour tenir aussi longtemps sur une enquête aussi dure à suivre... D'ailleurs, à partir de la scène où Fredo avoue, le film reprend un cours parfait, sans temps mort. La mythique mort de ce frère est inoubliable. Cet opus est une véritable leçon de maîtrise cinématographique. L'ultime plan, ou encore Kay annonçant le divorce, que des leçons de cinéma au programme !
Coppola est un des plus grands réalisateurs américains qu' Hollywwod n'ai jamais eu. Plus que la plupart de l'époque, beaucoup plus que ceux actuels, il était un Monument d' Art et d'imagination romanesque, comme Mario Puzo. A voir absolument. Mais pas à 1 heure du matin...