Tourné avec quelques bribes de pellicule données par Godard, Le père Noël a les yeux bleus forme une sorte de trilogie avec Mes petites amoureuses (l'enfance) et La maman et la putain (le début de l'âge adulte), réalisées plus tard dans la carrière de Eustache. Ce dernier filme la ville de son adolescence, Narbonne, avec ses Vitelloni de province, une bande de garçons vaguement délinquants, dont le personnage principal est le seul à ne pas avoir l'accent du midi. Daniel, héros impécunieux, a deux ambitions principales au cœur de l'hiver : se payer un duffle-coat et tomber les filles. Cette chronique tendrement désabusée, rythmée par sa voix off plus que par ses dialogues, révèle un Léaud séduisant, nettement moins horripilant qu'à l'accoutumée. Un moyen-métrage en forme d'autofiction qui ne manque pas de charme à défaut d'être trépidant.