SOS Détresse amitié, association de travailleurs sociaux, vient aux secours des personnes isolées en mal de compagnie et de réconfort. Mme Musquin (Mme Josiane Balasko), la cheffe de file un peu pète-sec, s’assure de la permanence pendant le réveillon de Noël. Elle doit être assurée par Pierre Morthez, grand sifflet à lunettes chargé du tic de langage « C’est cela, oui » (M. Thierry Lhermitte) et Thérèse, jeune femme timide un peu godiche (Anémone). Les appels incongrus se succèdent, mais également les visites, avec un travesti dépressif flashant sur Morthez, Katia (M. Christian Clavier) et Zézette, jeune femme ayant fui sa roulotte donne sur le périphérique pour fuir son mari brutal qui menace de la frapper. Zézette, affublée d’un cheveux sur la langue aussi prononcé que sa dentition est avancée, est enceinte jusqu’aux dents (Mme Marie-Anne Chazel), alors que son mari Félix joue aux Pères Noël sauvages devant les grands magasins, quand il n’élève pas ses lapins (M. Gérard Jugnot). Tout cet attirail hétéroclite se retrouve à dîner pour le réveillon, où l’ascenseur tombe en panne, le réparateur meurt d’un accident, le gâteau Klug du voisin bulgare, Preskovic (M. Bruno Moynot) endommage gravement la veste du pharmacien du quartier, avant de disperser les restes de l’ascensoriste au zoo de Vincennes dans des papiers-cadeaux.
Les rencontres incongrues, gags et comiques de répétition sont multipliés avec talent. L’ironie apparente portée sur les travailleurs sociaux souligne la difficulté d’un métier et l’absence de bienveillance d’une société. L’humour omniprésent y est très réussi.
L’amour au travail, l’aide aux démunis, la considération des homosexuels, l’appréciation des cultures culinaires étrangères, le poids des habitudes et préjugés correspondent à autant de poncifs mal pensés et sujets à clichés auxquels s’attaque le réalisateur, avec un succès non contenu, une irrévérence humoristique irrésistible, une bonne humeur mêlé d’incongruité des situations décrites permettant une prise de recul face aux sujets traités, d’une gravité certaine, à bien y songer.
L’humour peut faire prendre conscience des travers d’une société, et il s’avère possible de rires à chaudes larmes de sujets sensibles, si la dérision est montrée sans équivoque. C’est un film-culte pour désormais plusieurs générations.