Le scénario du best seller d’Erskine Caldwell signé Philip Yordan, fut écrit en réalité par le black listé Ben Maddow, déjà à l’œuvre un an plus tôt sur « Men in War » (Côte 465). Il reconduit également les deux rôles principaux masculins, Robert Ryan et Aldo Ray, ainsi que Vic Morrow, et pour l’équipe technique le compositeur Elmer Bernstein, le directeur de la photographie Ernest Haller et le monteur Richard C. Meyer. L’adaptation à l’écran du très osé « God’s Little Acre » (Le petit arpent du Bon Dieu) qui fit scandale à l’époque. Il fut tourné en Californie, la Géorgie initialement prévue refusant de donner l’autorisation de tournage, le roman y étant censuré. Au début, la jovialité forcée du père peut agacer, mais rapidement nous découvrons qu’elle masque sa crainte de drames qui vont faire éclater la famille. Harmonie de façade, rongée par la pauvreté et exacerbée côté mâle par la pulpeuse et ultra sexy Tina Louise, le tout sur fond de drame social. La mise en scène de Mann est diabolique, passant du faussement insignifiant rapport entre les sexes aux plans les plus torrides comme le décolleté de Tina Louise, le bain de Fay Spain et la scène torride entre Aldo Ray et Tina Louise en combinaison qui mouille sont décolleté pour se rafraichir… Le tout sur fond de drame social avec la fermeture des filatures, principal employeur de la ville, mais aussi d’un fils aisé qui renie les siens, frappant son père et prêt à utiliser la force pour s’emparer de sa pulpeuse belle-soeur, pour lui une une pute, qu’il entend traiter comme telle. L’unité de lieu, de temps et d’action, chère au théâtre classique, enferme le film dans une progressivité linéaire vers le drame. Comédie dramatique dont le rire vire rapidement au jaune, « Le petit arpent du bon Dieu » a toutes les caractéristiques du film noir, avec un sordide côté social, une femme fatale des plus sexy, des coups de feu et leurs conséquences, le tout à la limite de l’amoralité dans une atmosphère poisseuse indicible. Un grand moment.