En 61, Robert Dhéry avait déjà réuni la même équipe, issue de la bande des Branquignols dans « La Belle Américaine » avec Pierre Tchernia au scénario et Pierre Tornade, Colette Brosset, Jacques Legras au casting par exemple. Louis de Funès y jouait un double rôle mais secondaire car il n’était pas encore l’énorme vedette qu’il est devenu à partir de 1964 et du « Gendarme de Saint Tropez ». En 1968, c'’est donc lui qui a la vedette et il est omniprésent, Dhéry lui offre un véritable festival dans son personnage de Louis-Philippe Fourchaume à travers lequel il peut faire éclater ses colères et son obséquiosité (à l’Église par exemple). Il est le propriétaire autoritaire et roublard d’un chantier naval et doit récupérer André Castagnier, son employé lunaire mais capable de créer des inventions novatrices comme « Le Petit Baigneur », petit bateau de course qui vient de remporter une course en Italie et dont les commandes affluent. Sauf que Fourchaume dans une crise de colère a fichu Castagnier à la porte ! Le voilà donc parti le chercher dans sa famille pour le convaincre de revenir aux chantiers Fourchaume et il va lui falloir déployer des trésors d’ingéniosité pour y arriver car les Italiens voudraient bien produire eux-aussi le fameux bateau.
Toute l’équipe s’en donne à cœur joie, avec un Galabru hilarant, Legras fabuleux dans la scène mythique à l’Église dans sa chaire…Les gags s’enchaînent à une vitesse folle, les répliques fusent, il n’y a aucun temps mort, l’énergie est monstrueuse, l’humour potache et débridé voire au début et à la fin franchement absurde avec la présence de Pierre Dac (déjà là dans « La Belle Américaine »), le Ministre venu inaugurer « L’increvable » aux chantiers Fourchaume. Son discours est surréaliste au possible et il est évident que Dhéry lui a laissé l’écrire. Il rend hommage à ce navire «symbole plus que jamais flottant du prêt-a-naviguer, ainsi que de la pérennité navale tant française et nationale que du pays tout entier, en sa pleine et entière territorialité » !!! Il flotte tout du long une sorte de folie douce dans ce film, un côté bon enfant qui fait qu’on peut regarder ce film en famille (et que les jeunes vont rire !), un bon cran au-dessus « La Belle Américaine », alors hissez la grand-voile et laissez-vous guider par « Le Petit baigneur » !