Cet énorme classique passe et repasse à la télé, et à chaque fois, draine un public fidèle, c'est un archétype de succès populaire, souligné par l'attachante musique d'Alessandro Cigognini, où tous les éléments de la simple comédie et de la comédie sociale sont réunis. L'écrivain et journaliste italien Giovanni Guareschi, lui-même anticommuniste convaincu, l'avait bien compris lorsqu'il fixa sur le papier en 1948, Don Camillo, Peppone et leurs éternelles querelles, dans une Italie rurale d'après-guerre dont on retrouve parfaitement l'esprit dans ce film et ses suites.
Les aventures du curé pugnace qui dialogue avec le Christ de son église (qui lui répond), connaissent un succès énorme à tel point qu'elles arrivent au cinéma en 1952, dans cette co-production franco-italienne où Julien Duvivier fixe pour l'éternité cinématographique, Fernandel en Don Camillo et Gino Cervi en Peppone, respectivement curé et maire communiste d'un petit village de la plaine du Pô, ennemis communaux mais amis d'enfance qui s'adorent et se respectent. Don Camillo immortalisé par Fernandel est l'un de ses personnages les plus fameux, et on a peine à imaginer quelqu'un d'autre dans ce rôle tant il l'a habité avec sa faconde coutumière.
On retient surtout les farces incommensurables de Don Camillo qui parfois allait très loin dans l'ironie mordante, mais ces 2 personnages sont indissociables, ils se querelleront avec ardeur dans 4 autres films qui seront plus italiens, mais dans ce premier film, la production est un peu plus française puisqu'on y trouve au casting quelques acteurs français, une partie de l'équipe technique est française, de même que les dialogues et le scénario sont rédigés par Duvivier et René Barjavel. Par la suite, après le Retour de Don Camillo, encore réalisé par Duvivier, les réalisateurs italiens prendront le relais et Fernandel ne sera plus que le seul Français dans la production, sans oublier la voix du Christ personnifiée par Jean Debucourt.
On a beau connaître par coeur ce film, je crois qu'on parvient à succomber toujours à sa drôlerie irrésistible, c'est l'essence même des grands classiques.