Voilà un bon exemple pour différencier le joli du beau. La patte graphique rend l'image agréable à l’œil, jolie, mais le seul traitement de l'image ne saurait rendre un film beau au sens esthétique donc intellectuel du terme. Il faut plaire à l'esprit, non juste à l’œil.
Or le scénario est trop léger, parfois ridicule (viser un public d'enfants ne suffit pas à tout excuser), et surtout d'un convenu qui le fait passer par toute les étapes attendues sans aucune originalité. Avait-on besoin d'un énième Princesse Mononoké ?
Aussi, j'essaye de faire abstraction de la propagande écoféministe à deux balles, mais ce doit être un des films préférés de Sandrine Rousseau :
- Les hommes incarnent une rationalité destructrice, utilisant des outils (hache, arbalète, fusils, canon, armures) pour s'attaquer à la forêt et aux loups, détruisant ce qu'ils ne peuvent contrôler ;
- Les femmes incarnent l'irrationalité sentimentale associée à une nature idéalisée qu'elles protègent et dont elles font partie. Elles lancent des sorts, se transforment en loup, se déplacent à l'instinct, avec un sentiment de liberté dont la ville masculine les prive (régent tyrannique et sadique, père étouffant et borné, autres enfants menés par des méchants garçons qui se moquent d'elles ; règlement strictement appliqué par les gardes ) ;
- Tous les enfants désobéissent, s'éduquent par eux-mêmes, savent mieux que les adultes qui ne comprennent rien et veulent leur imposer de terribles normes arbitraires comme travailler ou obéir à son supérieur hiérarchique ;
- La religion est présentée comme oppressive, tant à travers la bouche du régent évoquant Dieu à chacun de ses actes de violence, qu'à travers celle du père qui s'en sert de justification au travail (« le travail est une prière ») dont chacun aura compris qu'il n'est pas amusant et donc foncièrement mauvais.
- La nature est fantasmée comme paisible et harmonieuse. Les loups se nourrissent d'amour et d'eau fraiche. Notez que leur tanière devient une ZAD lors de l'assaut final des forces de l'ordre ;
- Le père, devenu un "allié" des femmes-loups, obtient le droit d'assumer matériellement le bien de sa famille recomposée (après avoir tué son chef, perdu son boulot et semé le chaos dans le pays).
Je veux bien encaisser la propagande si ça devient original, mais là c'est du réchauffé, avec le rendu visuel pour seule qualité.