Adapté de Jules Verne avec Kirk Douglas en vedette, c'est, c'est... Et non, ce n'est pas « Vingt mille lieues sous les mers », mais bien « Le Phare du bout du monde », production autrement moins célèbre ayant connu un sévère échec au box-office. Très moyennement apprécié à l'époque, le redécouvrir aujourd'hui paraît pourtant salutaire. Tout n'est pas parfait : il ne s'y passe finalement pas tant de choses, la réalisation de Kevin Billington (dont c'est le principal fait d'armes principal, sans doute injustement) peut déconcerter, les motivations de certains personnages restent quelque peu floues...
Reste que voir une telle production tenter des choses aussi étonnantes, c'est à saluer. Beaucoup de cruauté, de violence, n'hésitant pas à malmener son héros (et les spectateurs avec), le tout au milieu d'un cadre souvent bien exploité, pouvant être aussi séduisant qu'inquiétant. Pas de romantisme (ou si peu, et certainement pas comme on l'entend), de grands discours, juste une chasse à l'homme étrange, presque surréaliste, sachant ponctuer son récit de scènes marquantes, parfois imprévisibles malgré quelques arrangements scénaristiques.
Dommage que les relations entre les différents protagonistes, pourtant dotées d'un réel potentiel, ne soient que très partiellement exploitées, à l'image d'un affrontement Kirk Douglas - Yul Brynner (refaisant en quelque sorte le match des Oscars 1957 remporté par le second!!) intrigant mais manquant de fond, même si cela lui donne une dimension mystérieuse plutôt intéressante.
Sans doute aurait-il fallu également mieux utiliser la très belle Samantha Eggar, mais là encore, son « absence-présence » apporte une tournure plutôt inattendue au film, loin des situations traditionnelles que l'on pouvait imaginer, provoquant un certain trouble pour le spectateur. Beau casting, donc, comme vous avez pu le comprendre, auquel viennent notamment s'ajouter Renato Salvatori ou encore Jean-Claude Drouot, surprenant dans un rôle pour le moins antipathique. Une œuvre à part, souvent au bord de la folie (à l'image d'antagonistes assez ravagés), qui mériterait assurément d'être connu par un nombre beaucoup plus important.