"Le Plaisir" propose trois sketches, adaptés de nouvelles de Guy de Maupassant. Un étrange individu qui se rend à un bal opulent. Des travailleuses de maison close en sortie à la campagne. Et un couple passionnel de peintre/modèle. L'occasion d'aborder la thématique du plaisir sous différents prismes.
On dit souvent que les films à sketch sont par nature inégaux, mais ici les trois histoires frappent de par leur qualité. Certes, la deuxième représente le cœur du film, durant bien plus longtemps que les autres. Néanmoins elles sont toutes très intéressantes, et différentes en ambiance.
Je soulignerai d'ailleurs l'incroyable capacité du récit et du réalisateur à varier les tons, y compris au sein d'une même trame. On passe par exemple de la description sobre et malicieuse d'une maison close de ville, à une séquence humoristique et grivoise où un vendeur ambulant truculent (Pierre Brasseur) trouve un succès très temporaire auprès des professionnelles ! Ou cette scène d'église, aussi émouvante qu'ironique, où nos travailleuses du sexe réalisent le décalage de leur mode de vie avec celui de petites filles campagnardes qui se communient !
"Le Plaisir", c'est également une mise en scène étonnement dynamique. Max Ophüls sait exploiter et faire vivre ses environnements. Avec une caméra qui évolue avec aisance au sein de la frénésie d'un bal, faisant ainsi ressortir l'extase de la fête. Ces plans extérieurs présentant méthodiquement la structure de la maison close. Ou ces déambulations dans la ville et les décors de campagne normande, donnant immédiatement de la vie à l'ouvrage.
Avec en prime de bons acteurs (Jean Gabin y tient un rôle touchant), et une jolie narration, c'est un film à voir.