En tant que film de propagande, ce film obéit aux codes du film de propagande. Il s'assume frontalement, sans détour, sans sournoiserie, contrairement à des œuvres de propagande beaucoup plus insidieuses comme Metropolis.
Pour ces aspects imposés par la commande, Kurosawa-san ne se drape pas de finesse rhétorique. Il traite la propagande de face, cristalline, sans tromperie, comme on traite un genre. Il en fait sa forme plutôt que son fond. Et le lui reprocher, s'arrêter là dans ce film, faire des manières pour quelques grigris patriotiques japonais, deux drapeaux et trois pancartes, après des générations à être moyennement dérangés par les omniprésentes propagandes bourgeoise ou américaine, à abreuver nos gosses de Disney aux propos bien plus retors et fielleux, voilà une drôle de danse qui me semble se tortiller les hanches entre hypocrisie et naïveté. Qu'au-delà des contraintes politiques formelles de la commande on ne voie pas l'humanité transpirer par tous les pores de cette œuvre, qu'on se refuse au moindre regard sur la beauté de ces chants, de ces visages épuisés, de cette bienveillance onirique entre humains, de ces pieds nus dans la terre la nuit, ça me dépasse.
Ce film me fait prendre conscience, plus clairement que jamais, que les notes sur SC n'ont pas toujours grand-chose à voir avec le cinéma.