D’après l’œuvre de l’écrivain texan Larry McMurtry, que Peter Bogdanovich adaptera plus tard avec The Last Picture Show, et qui sera co-scénariste sur Le Secret de Brokeback Mountain d’Ang Lee, ce film signé Martin Ritt serait une sorte de jonction entre le Big Country de William Wyler et La Fureur de Vivre de Nicholas Ray. Avec une superbe entrée en matière musicale bercée par une partition signée Elmer Bernstein, l'une des plus belles...


Abordé sous l’angle esthétique d’un western crépusculaire dans lequel les cowboys se déplacent en Cadillac rose et les rodéos font place à des concours de twist, ce film est avant tout un drame familial intergénérationnel sur la fin d’une époque. Celle du grand Ouest, des troupeaux de vaches et des ranchs flamboyants balayés par la poussière.


Parvenant avec une grande aisance à aligner les archétypes inhérents à ce genre de thématique maintes fois abordés par le cinéma Hollywoodien, on pense au Géant de George Stevens ou au God’s Little Acre d’Anthony Mann, la dualité entre tradition et modernisme, les secrets cachés qui génèrent des conflits entre père et fils, la fin d’une époque qui fait place à une autre, sans jamais sombrer dans le redondant ou le surfait, Martin Ritt parvient à installer un climat mélancolique où la frontière poreuse entre désillusion et désenchantement laisse place à l’inéluctable acceptation de cette douce mort d’une époque d’un pays qui entre dans l’ère de la modernité.


La splendide photographie, signée James Wong Howe, caméraman de renom ayant officié chez Fritz Lang ou Raoul Walsh entre autres, donne à ce drame de la terre toute sa splendeur de l’espace infini des grandes plaines de l’Ouest magnifié par un superbe scope.


Paul Newman, inégalable et probablement encore inégalé dans la peau de ce genre de personnage y est parfait tant il incarne l’âpreté et l’implacabilité du cow-boy rude et taciturne jamais dupe du sort que la modernité réserve aux homes de son rang.


La mise en scène habile et discrète de cet excellent illustrateur de l’espace américain que fût Martin Ritt donne au film les airs de tragédie grecque poussiéreuse qu’il cherchait à atteindre.

Créée

le 11 juil. 2019

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