L'Allemagne déleste
Il y a en fait deux films dans ce Pont des Espions, et le plus réussi des deux n'est pas celui auquel on pourrait penser. La première partie est, de fait, bien mieux qu'une simple mise en place...
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L’air de rien, il approche des 70 ans l’ami Spielberg ! …Et si je dis ça, c’est parce que je trouve que, pour le coup, ça se sent. Contrairement à un George Miller qui n’a jamais paru aussi jeune à travers son dernier « Mad Max : Fury Road », ce bon vieux Steven, lui, démontre à travers ce « Pont des espions » à quel point il est entré désormais dans une sorte de cinéma de papy tranquille. C’est posé, ça prend le temps de raffiner chaque cadre et chaque parole, et ça réfléchit surtout chaque point du schéma narratif afin de s’assurer que le propos développé soit cohérent et équilibré de bout en bout. Alors après – je ne dis pas – l’avantage d’un tel cinéma c’est qu’il est très sophistiqué et très réconfortant. Moi, dans ce film, je me suis vraiment senti comme sur un rail. Pas de surprise, pas de faux rythme, pas de relâchement dans la richesse de la composition. Ah ça ! C’est sûr, c’est confortable. En cela d’ailleurs, je trouve que le film fait le boulot et, rien que pour cet aspect, je ne peux que le conseiller tant il sait se faire agréable… Enfin… Agréable pour qui s’est justement préparé pour regarder un film sans surprise et sans fausse note. Parce que oui, c’est finalement sa force et sa faiblesse à ce « Pont des espions » : il est atrocement académique. Alors certes, avec Spielberg on ne tombe jamais dans les caricatures qu’on peut retrouver régulièrement ailleurs, mais malgré tout, tout cela a un aspect tellement lisse et cotonneux que, je dois bien l’avouer, j’ai eu du mal à me mettre dedans. D’ailleurs, pour être honnête jusqu’au bout, il m’a bien fallu trois bons quart d’heures avant d’entrer vraiment dedans. Toute la première partie où tout le monde est gentil, où tout le monde s’envoie des bons sentiments à la figure, où les guerres et les tensions ne sont la responsabilité de personne, moi ça m’a clairement endormi. D’un côté on a Mark Rylance qui nous joue le sage de la montagne, de l’autre on a Tom Hanks qui joue le jeune impudent immoral, mais à ce détail près qu’il n’est ni jeune, ni impudent, ni immoral, puisque de la première à la dernière minute le personnage de Donovan est juste une sorte d’incarnation irréprochable d’être à la fois intègre et modeste. A dire vrai, dans ce film, la jeunesse fait clairement de la figuration. La politique aussi. Et j’ai presque envie de dire que l’Histoire est aussi clairement un personnage de second plan. Ce qui intéresse Spielberg ce sont ses vieux sages, ces gars qui traversent le temps avec distance et esprit de renoncement. Alors après, pourquoi pas… C’est vrai ça, après tout… le charme du film est aussi là. C’est juste dommage que l’Histoire prenne juste des allures de tableau illustratif sans véritable chair, parce que la partie qui se déroule à Berlin a au moins le mérite d’illustrer proprement un événement de l’Histoire très cinégénique, je trouve, en l’occurrence ici :
la construction du Mur de Berlin.
A faire le bilan donc, il est loin d’être désagréable à regarder ce film, tant il regorge de qualité et de savoir-faire. Seulement voilà, voilà un film classique, sage, sans enjeu qui prenne vraiment aux tripes. On sait à quoi s’attendre. On a ce qu’on s’attendait à avoir, sans surprise. Alors après tout, pourquoi pas. Même si je n’ai pas ressenti de grands bouleversements face à ce film, au moins ai-je eu le plaisir de la « force tranquille ». En ces temps, moi je dis « ça se prend »…
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le 22 sept. 2017
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