Bonello a dû naitre vieux pour pondre un film pareil et le sortir à à peine trente-trois ans.
C'est un métrage long, chiant, triste comme la pluie, à la mise à scène d'une aridité extrême sur un réalisateur désabusé qui reprend son activité pornographique à cause de difficultés financières, le plongeant par conséquent dans la dépression.
Il est effectivement difficile de ne pas penser à une certaine idée du film français caricatural ou à un héritier tardif de la Nouvelle Vague, si on est généreux. C'est aussi pénible à suivre tant le film semble utiliser des décors trop grands pour des personnages qui n'ont rien à dire, rien à vivre. D'ailleurs, c'est peut-être ou sans doute l'idée.
Jacques est insupportable avec son entourage car c'est un éternel frustré d'une vie rangée dont il ne veut pas et ne sait comment s'en échapper. Il a commencé à tourner des films pornographiques en partie pour ne surtout pas ressembler à ses bourgeois de parents puis est venue la professionnalisation de son métier qui l'a obligé à brider ses aspirations artistiques, sa volonté de trouver quelques secondes de beauté et d'humanité dans un océan de laideur. C'est pour cette autre raison qu'il tournait des films de cul.
Le long épisode de purgatoire dépressif après sa cessation d'activité, maintenu en vie par sa femme jusqu'à ce qu'il faille bien retourner au charbon, pour constater que non seulement rien n'a changé mais que finalement, maintenant c'est pire. Il y a bien ce fils qui l'avait rejeté au moment d'apprendre la véritable nature de ses activités cinématographiques avec qui il renoue mais rien n’aboutit et ce dernier se contente de suivre la même voie d'errance désabusée via les groupes politiques et une fille dont il ignore lui-même ce qu'il veut réellement d'elle.
C'est long, c'est chiant, c'est d'ailleurs presque un film sur le suicide et Bonello a l'air soit d'y faire une mise en abîme (la réalisation critiquée de Jacques Laurent car bourré de plans fixes, comme celui de Bonello), soit une projection vu son jeune âge mais on sent le lien intime entre lui et son personnage principal. Et cette interview en guise d'acte final qui permet de découvrir réellement qui est "Le Pornographe", de donner quelques clés de sa psyché pour remettre en ordre quelques morceaux de ce grand désordre de plans vides. Je ne dirai pas que ça sauve le film car c'est une expression péjorative mais je dirai qu'enfin ça me permet de le comprendre, de lui donner pleinement un sens même si c'est toujours trois fois trop long pour ce que c'est.