Un film noir avec une fin heureuse, n'est-ce pas antinomique? Il est vrai que la fin n'est pas heureuse pour tout le monde. Plus qu'un film noir, il s'agit là d'une oeuvre à visée politique (de la propagande disons-le tout net), un film anti-reds. Et l'attaque, pour être primaire, se pose là, particulièrement grossière. Thelma Ritter l'avoue elle même : "je ne sais rien des communistes, mais ce que je sais, c'est que je les aime pas." La messe est dite.
Sinon, l'intrigue sent un peu le faisandé. La vision des communistes par Hollywood n'est pas la seule approximation.
La caméra par contre est assez bien utilisée, quelques plans sont dignes d'intérêt, voire jolis.
La mise en scène laisse à désirer. Jean Peters se laisse souvent aller, en fait des caisses, bien trop. Widmark fait peur, n'a rien d'un héros sympathique, on se demande qui sont les bad-guys et sans nul doute que Fuller avait d'autres espérances. Les tueurs comme les bagarres sont ridicules.
Seul Thelma Ritter surnage dans ce qui n'est pas loin d'être de la médiocrité. Son personnage bien noir, bien désespéré et fatigué trouve grace à mes yeux avec infiniment plus de crédibilité et de justesse.
D'aucuns évoquent le réalisme social mordant que Fuller dépeint. Est-ce suffisant? Pour ma part, non.

PS. Le titre français n'a rien à voir avec l'intrigue. Reliquat de la censure politique française tout aussi crétine de l'époque. Fallait pas taper sur les communistes : la version française a été expurgée du microfilm, remplacé par de la drogue.
Alligator
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le 28 déc. 2012

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