1h20 d’intrigues, d’impitoyables bagarres, de coups donnés et reçus, de baisers arrachés, de corps enlacés, de coups de pistolet, de filatures policières, de juste corruption, de négociations hargneuses, de flics à bout, de gangsters sans scrupules, de femmes vivant dans l’ombre des bas-fonds - et d’émotion et de violence rares pour l’époque.
Scorsese considère Fuller, le réalisateur, comme un représentant majeur du 7ème art : « “If you don’t like the films of Sam Fuller, then you just don’t like cinema”. Il est sûr qu’il a été impacté par la violence, inédite alors, et ces images fortes qui marquent : ce journal plié dans le métro, la main dans le sac, cette caresse faciale précédant le premier baiser, les baguettes saisissant les billets sales, les coups donnés dans la chambre d’hôtel, la bagarre dans le métro. Sans parler du regard narquois de Richard Widmark, l’un des meilleurs méchants de l’histoire du cinéma (Les forbans de la nuit, bien sûr, mais aussi La femme aux cigarettes), de la sensualité de Jean Peters, de la fourberie de Thelma Ritter.
Court et concentré, sans temps mort ni scènes en trop, avec un montage presque parfait, de magnifiques gros plans, des prises de vues en plongée sur la rue, une très intéressante exploration des intérieurs (le métro, bien sûr, mais aussi la cabane au bord de la mer avec ses cordages et ses crochets, la chambre d’hôtel, le bureau du commissaire, la planque de Moe), Pickup on South Street est un film noir maîtrisé de bout en bout, nettement supérieur aux Bas-Fonds New-Yorkais signé du même auteur, magnifiant les petits escrocs, intelligents et moraux quoique se foutant du patriotisme.
7.5/10