Evidemment, le huis-clos est un exercice très périlleux, surtout lorsqu'il s'agit d'une comédie, française de surcroît. Le rythme doit être soutenu afin de ne jamais ennuyer, la mise en scène doit être astucieuse, et la qualité des dialogues est sans aucun doute la clef de réussite. D'une manière générale, on peut alors dire que Le Prénom s'en sort avec les honneurs.
Là où Alexandre de La Patellière tient son efficacité, ce n'est pas tant sur le sujet du film qui tourne autour du fameux prénom du bébé, mais plutôt sur cette galerie de portraits qu'il nous propose. Le Prénom devient alors une mini-satire sociale dans laquelle se confrontent des personnages unis par leurs liens familiaux mais que tout oppose par leur classe sociale, leur origine, ect... L'humour, toujours efficace, tape dans le mille grâce à des dialogues ciselés, vifs : les pics fusent de part et d'autre pour notre plus grand bonheur.
Côté casting, c'est un sans faute, avec en prime un Patrick Bruel agréablement surprenant en chef de file. Si certains acteurs sont un peu plus secondaires (Judith El Zein, Guillaume De Tonquédec) ils ont tous un rôle à jouer dans cette joute verbale. Le plus gros piège était de sombrer dans le cabotinage, mais il a été évité avec brio. On ne peut en tout cas pas leur reprocher de ne pas être investi dans leur rôle car chacun y met du sien.
On pourra juste regretter quelques facilités scénaristiques, et certaines situations sont un peu tirées par les cheveux. Mais ne faisons pas la fine bouche : il n'est pas rare de rire de bon coeur, ce qui n'arrive pas tous les jours dans les comédies françaises.
Après le très bon "Carnage", à titre de comparaison, réalisé par notre ami Polanski, on pouvait s'attendre à un produit de sous-qualité avec Le Prénom. Mais il n'en est rien : on tient là une des meilleures comédies "Made In France" depuis quelques temps.