Conjugalité et prostitution.Jean-Pierre Ménard,richissime homme d'affaires,est excédé par son épouse Odile,une oisive qui se dérobe au devoir conjugal et passe ses journées à écumer les boutiques de luxe et à y faire chauffer la carte de crédit de son mari.Sur les conseils de son chauffeur Richard,un macho misogyne lui-même en délicatesse avec sa compagne,JP coupe les vivres à sa femme et la contraint ainsi à passer à la casserole pour obtenir de l'argent.Alexandra Leclère,ci-devant réalisatrice et scénariste,a l'habitude de traiter de sujets sociaux sous un angle plus ou moins humoristique.Elle a de bonnes idées de départ mais ses films ne tiennent pas la distance,et celui-ci n'échappe pas à la règle.Cette radiographie de l'usure du couple et des jeux de pouvoir entre hommes et femmes ne manque pas de sel et de cynisme,et ça se tient à peu près dans la première moitié du métrage avant de s'embourber irrémédiablement et de s'éparpiller dans tous les sens,Alex étant visiblement à bout d'inspiration.Le début est donc assez réjouissant dans sa très noire description d'humains tous obsédés par des objectifs qui ne coïncident pas,quel que soit leur sexe ou leur niveau social.JP et Richard veulent des femmes disponibles pour la bagatelle,estimant que le fait d'entretenir ces gonzesses leur y donne droit.Odile veut juste profiter du fric de son époux afin de combler le vide de sa vie d'accro au shopping.Caroline est financièrement dépendante de son mec et voudrait s'affranchir de ce rustre qui ne la comprend pas pour satisfaire son ambition de romancière.C'est tendu et souvent drôle,les dialogues sont vachards et l'analyse de l'économie du couple assez pertinente avec ces éternelles histoires de sexe et d'argent qui mènent le monde.Mais une fois passée cette bonne entame,miss Leclère se trouve à court de carburant et peine à relancer la machine,ne sachant semble-t-il pas trop où elle veut en venir.Plus de rythme,des personnages qui adoptent des comportements peu rationnels,des situations stupides et sans ressort qui s'éternisent,tout ceci se terminant de manière abrupte comme s'il avait fallu faire vite parce que les machinos étaient derrière en train de démonter le décor.Dommage pour la brillante troupe ici à l'oeuvre avec un Christian Clavier toujours impérial en bourgeois subissant des contrariétés,une Nathalie Baye des plus séduisantes à 59 ans,une Géraldine Pailhas émouvante en fille coincée dans une relation dysfonctionnelle,et surtout le génial Gérard Lanvin qui explose encore une fois l'écran en beauf viril mais plus fragile qu'il n'y parait.Patrick Chesnais est en revanche moins à l'aise que de coutume dans un rôle il est vrai mal écrit d'amant à la libido compliquée,et Anaïs Demoustier n'a pas encore l'envergure qu'elle aura par la suite,se montrant inexistante et physiquement méconnaissable en fille de bonne famille,mais elle aussi est très mal servie par l'histoire et les dialogues.Nathalie Baye était déjà l'épouse de Clavier en 80 dans "Je vais craquer",avant d'être celle de Lanvin l'année suivante dans "Une étrange affaire",et à chaque fois ça se passait mal.