En Israël, lorsqu'une femme veut divorcer, la procédure la place devant un jury de rabbins qui ne peut statuer que si le mari donne son accord. Ce n'est que répudiée que celle-ci peut retrouver sa liberté. C'est absurde, c'est abject, mais c'est ainsi.
Le procédé est théâtral, un huis-clos, des scènes dialoguées, un décor minimaliste, et pourtant Le procès de Viviane Amsalem est une œuvre cinématographique à part entière. Habilement construit, jouant constamment des ellipses, veillant aux moindres détails (couleurs des vêtements, coiffures, postures), s'appuyant sur un méticuleux découpage de l'espace scénique, le nouveau film de Ronit et Shlomi Elkabetz impressionne par sa maîtrise.
Il faut surtout saluer un travail du cadre exceptionnel. Alors que les décors se résument à une salle d'attente, un couloir et une salle d'audience, murs neutres, mobilier de bureau basique, le montage découpe les lieux pour y placer les protagonistes au mieux du sens de chaque plan. Tour à tour isolés, en retrait, tous ensemble, les acteurs construisent des personnages complexes et seuls, évoluant tant bien que mal dans une tragi-comédie puissante.
Car le fond est tellement absurde, les audiences s'échelonnant sur les 5 années d'une procédure kafkaïenne, que le propos le dépasse et transforme le tribunal religieux en scène de farce. On comprend alors le fou-rire et plus tard les larmes de rage d'une héroïne à bout de nerfs.
Dominé par une Ronit Elkabetz encore une fois formidable, aussi puissante dans ses silences, ses regards, ses postures presque chorégraphiées que dans ses révoltes (et toujours cette magnifique voix rauque !), le casting est excellent. Simon Abkarian, Menashe Noy ou Sasson Gabai sont eux aussi parfaits.
Le procès de Viviane Amsalem est un brillant exercice de style qui pointe du doigt les travers d'une société israélienne décidément schizophrène.