Dans un Etat israélien qui ne permet pas le divorce civil et préfère confier l'arbitrage à des rabbins dépassés dans tous les sens du terme, recouvrir la liberté est un vrai parcours du combattant pour les femmes. Parcours du combattant que l'on va littéralement partager avec Viviane durant deux heures éprouvantes (mais loin d'être austères) qui retracent cinq ans de lutte judiciaire entre quatre murs, dans un tribunal pas plus grand qu'une salle de classe, aux murs d'un blanc décrépi à vous filer le cafard.
Soeur et frère Elkabetz traitent l'absurde par l'absurde. A cette autorité religieuse séculaire ultraconservatrice, qui impose une pression sociale sur chaque membre de la société, les deux réalisateurs opposent un ton subtilement impertinent fait de petites piques savamment distillées, planquées au coeur de dialogues cousus de mains de maîtres. Les interventions des avocats, des témoins, tous des proches du couple Viviane/Elisha, tissent la toile d'une société malade obsédée par l'honneur et la décence, et surtout qui entretient savamment les privilèges et la domination des hommes à tous les niveaux. Une société qui a mal au couple, qui a mal à l'amour, qui a mal aux femmes.
C'est un des miracles du film que d'arriver, sans aucun pathos, à donner une voix assourdissante à la soumission silencieuse des femmes israéliennes. La diatribe finale, mémorable, restera comme un geste punk asséné à la face de cette monumentale farce de justice sociale.