Pour son premier long-métrage en tant réalisatrice, Laetitia Dosch, qui opère aussi comme actrice principale, se lance, en s'inspirant d'un fait divers, à travers le procès d'un chien, sur une interrogation quant à la place de l'animal (ou plutôt des autres animaux !) dans notre société, sur nos rapports avec lui, sur la légitimité de le juger sur des critères purement humains, ces derniers pouvant officiellement considérer qu'il est une chose, tout en souhaitant, contradictoirement, le supprimer en tant qu'être vivant, appliquant judiciairement une peine de mort à laquelle on ne condamne plus les humains.
En voilà, une idée de départ annoncée qui promettait du fond quant à cette thématique (sans parler que votre serviteur est très sensible à la cause animale, ce qui fait que point de vue émotionnel, j'étais la bonne cible !), mais aussi une satire ne manquant pas une occasion de souligner l'absurdité de notre monde. Ce qui se prête bien dans un lieu aussi rigidement codifié qu'un tribunal, où même le ridicule est traité avec un sérieux imperturbable. D'ailleurs, les quelques trop rares bonnes séquences de l'ensemble (mais, hélas, elles disparaissent très vite !) tournent autour de cela (mention spéciale à la confrontation d'experts psychologues, philosophes et religieux, débattant sur la question !). Elles semblent couler de source, à leur place.
C'est plus que regrettable, en conséquence, que Dosch, ne faisant pas confiance au potentiel, dramatique et comique, de son sujet, pour s'y consacrer pleinement le temps d'un long-métrage (dégageant l'impression qu'elle veut relancer à chaque fois la machine, croyant ne pas réussir à maintenir l'attention du spectateur sans cela !), vienne rapidement rajouter des rebondissements et des réactions de personnages de plus en plus grotesques, désordonnés.
Ces derniers, non seulement, donnent lieu à des numéros d'actrices vite insupportables (oui, d'actrices, car je pense surtout à Dosch elle-même, mais aussi à Anne Dorval... non crier et s'énerver ne sont pas forcément des sources de comédie efficaces quand cela sort de nulle part, quand le contexte ne s'y prête pas !), mais (le plus dommageable !) contribuent aussi à faire s'égarer le tout dans d'autres problématiques graves (se devant d'être abordées tout en profondeur et non pas uniquement pour être le prétexte foireux d'ajouter de la durée !), comme la maltraitance des enfants (offrant par la même occasion un rôle à un jeune ado qui, d'après la raideur bien visible dans son regard et dans ses postures, ainsi que des dialogues sortis sans leur injecter la plus petite parcelle de naturel, n'est absolument pas à l'aise devant une caméra et ne parvient pas du tout à le masquer !) ou vers une démonstration féministe totalement WTFuckesque, n'ayant pas du tout le moindre lien un tant soit peu crédible avec la cause de notre ami canidé, mais essayant débilement d'en établir un, à toute force (il faut le voir pour le croire... je vous laisse le "plaisir" de la découverte !). Et les scènes se déroulant dans l'appartement du protagoniste féminin ou dans la forêt (pour celle-ci liée à la démonstration féministe susmentionnée !) servent tout aussi à que dalle (sur le plan humain et sur celui du récit !), si ce n'est, pareil, à foutre quelques blocs de minutes supplémentaires par-ci par-là.
Il ne manque plus qu'une romance, sortie comme ça, gratuitement, d'un coup, sans rien l'amener scénaristiquement, avec le personnage, incarné par Jean-Pascal Zadi, de dresseur (dont la bizarrerie affichée, aussi dissonante que le reste, n'est qu'un cache-misère pour dissimuler que Dosch n'arrive pas à évoquer les relations entre l'humain et le toutou d'une façon un minimum vraisemblable et creusée... euh, elle n'avait pas la possibilité de faire appel à un conseiller, spécialiste dans ce domaine, ou elle a eu la flemme ?) ou un François Damiens, jouant le maître du toutou (donc intégré à ce qui aurait dû être le cœur même de l'histoire !), faisant quasi-office de figurant, à qui on fait la charité de lui refourguer quelques petites répliques. Quoi, comment ça ? Il y a de ça aussi ? Oh putain...
Euh, une question idiote, il n'y a pas eu, au moins, une personne charitable dans l'entourage, personnel ou professionnel, de Lætitia Dosch, pour lui dire, gentiment, en face à face, que son scénario est à chier, qu'il est un exemple même de ce qui ne faut surtout pas faire en termes d'écriture ? Si elle ne sentait pas capable de tenir un long-métrage, rien ne l'empêchait d'aller vers un court (en se recentrant bien sur le sujet !). Je ne doute pas que ses intentions étaient bonnes et sincères, mais elle a fait absolument n'importe quoi avec. C'était quoi son message ? Ou ses messages ? La raison d'être de ce machin sans la moindre notion de cohérence scénaristique ou thématique ?
Le seul être que j'ai envie de sincèrement sauver de tout ce bordel, qui parvient à être convaincant, qui offre la très grande majorité des trop rares bons moments, drôles ou émouvants, de ce ratage, c'est le chien-acteur Kodi dans le rôle de Cosmos. Merci à lui. Décernez-lui un César ou... euh non, du Cesar, c'est mieux... ouais, je pense qu'il préférera ça...