La comédie de Laetitia Dosch ne tient malheureusement pas ses promesses et se révèle en deçà des attentes qu’elle avait suscitées. Basé sur une idée pour le moins farfelue, le film ne tient pas sa longueur pourtant courte (1h20) et se vautre dans le remplissage.
Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien.
J’attendais beaucoup de ce film. J’aime beaucoup Laetitia Dosch comme comédienne et j’attendais avec impatience ses premiers pas comme réalisatrice. Son idée de départ, sa bande annonce ainsi que diverses critiques élogieuses avaient éveillé mon intérêt. D’où ma déception et sans doute une sévérité excessive à l’égard de ce film qui ne mérite pas pour autant une volée de bois vert.
Le problème du film me semble venir en grande partie du scénario qui ne repose que sur l’idée saugrenue de ce procès pour chien et de cette avocate qui le défend bec et ongles. L’idée est assez bonne sur le papier mais encore faut-il savoir la faire mûrir ou la renouveler de façon convaincante. Après un bon gag, lorsque l'avocate est accusée de défendre un chien misogyne qui n’attaque que les femmes, le film s'essouffle rapidement.
Faute d’idées pour faire avancer son histoire, Laetitia Dosch est un peu contrainte au remplissage en faisant intervenir dans l’histoire le jeune fils ado de ses voisins ce qui donne des scènes assez peu intéressantes. Ne sachant pas comment faire avancer son procès, l’actrice-réalisatrice l’oublie par intermittence pour se concentrer sur le personnage qu’elle interprète. Elle a ainsi une petite histoire peu captivante avec un dresseur pour chien. Le film, qui devrait se concentrer en grande partie sur le procès, finit par s’éparpiller.
On comprend assez bien ce que Laetitia Dosch entend nous dire avec son film. Outre le fait de nous faire rire (ce qui n’est pas entièrement réussi), il voudrait nous inviter à repenser nos rapports avec les animaux et plus largement avec les plus vulnérables (d’où la présence dans l’histoire du fils des voisins). Sans verser dans la thèse antispéciste, Dosch nous propose d’avoir une position moins dominante en ce qui concerne en prenant davantage en compte leurs aptitudes. C’est assez gentil, à deux doigts de la naïveté et au fond, assez enfantin et peu approfondi.
Revenons à l’aspect comédie que devrait revêtir le film. Il me semble que Laetitia Dosch n’a pas vraiment su trouver l’équilibre entre rire et réflexion, entre la légèreté évidente qu’elle voudrait insuffler à son histoire et la gravité ou le sérieux du message qu’elle souhaite véhiculer.
Comme pour le film de Daniel Auteuil, j’ai trouvé que Dosch se taillait un peu trop la part du lion comme actrice. Son personnage est certes au centre de l’histoire, mais j’aurais aimé voir un peu plus les autres personnages. À commencer par l’excellente Anne Dorval dans le rôle de l’avocate de la victime dont la performance est sous-exploitée ou le non-moins génial François Damiens qui, après un monologue au début du film où il est plus François l’embrouille que jamais, se retrouve plus ou moins réduit au silence dans la deuxième partie du film.
Malgré tout l’amour que je porte à Laetitia Dosch, je ne peux pas cacher ma déception à la hauteur de mes attentes concernant sa première réalisation. Le scénario est bancal, l’histoire mal agencée. Mais comme actrice, elle conserve un génie qui lui est propre avec ses inflexions de voix, son expressivité. Sa voix-off est un pur bonheur pour les oreilles mais elle aurait sans doute mieux fait de confier l’écriture du scénario à quelqu’un d’autre.