Soyons d'abord clairs sur ce film.
Je l'aime beaucoup ce film car il s'agit, pour moi, d'un film d'espionnage ou d'un film policier ou d'un film de série noire (au choix), complètement imaginaire avec des personnages imaginaires dans des situations imaginaires dans des pays imaginaires à une période imaginaire. C'est un très bon divertissement.
Si maintenant, je devais imaginer que cela traduit telle ou telle affaire, telle ou telle personne, telle ou telle situation précise à telle ou telle époque, alors je ne joue plus et la note est 1/10 ...


Le scénario a été adapté par Jacques Audiard à partir d'un roman (que je ne connais pas) et les dialogues sont assurés par Michel Audiard ... Une affaire de famille, quoi.
En définitive, l'histoire est simple. Un agent secret, Joss, missionné pour aller flinguer un chef d'état africain se trouve lâché en cours de mission car la politique ayant brusquement changé, le chef d'état en question est redevenu "persona grata". L'agent est condamné aux travaux forcés, parvient à se libérer au bout de deux ans, rentre au pays pour 1 - terminer sa mission, 2 - se venger.


Mais ce que je n'ai pas encore dit c'est que l'agent secret Joss, c'est un Belmondo, dans la force de l'âge mais portant beau voire même très beau, séduisant en diable. Au moins trois femmes dans le film sont sous le charme irrésistible, sa régulière, la secrétaire du service (une Moneypenny en quelque sorte mais qui aurait concrétisé) et une call girl de haut vol dont il ne profitera même pas.


Bien entendu, c'est pas le genre à se faire entretenir, c'est aussi l'homme d'action performant et indestructible. Il ose tout, c'est même à ça qu'on le reconnait. Ah, les flics face à lui ont pas beau schpile. Attention à celui qui porterait la main sur une de ses femmes. Il lui en cuira comme dans la délicieuse et jouissive scène dans le bistrot avec Bernard-Pierre Donnadieu qui avait foutu une mandale sévère à l'épouse de Belmondo.
Faut dire, pour ce dernier, qu'il a une tête qui appelle les claques comme un morceau de barbaque, les mouches. D'ailleurs, le nombre de films où ça se termine pas bien pour lui est tel que j'espère qu'il touche chaque fois une prime pour pretium doloris...


D'ailleurs, c'est la grande force de ce film. C'est qu'il n'y en pas que pour Belmondo. la distribution est remarquablement équilibrée avec des personnages secondaires qui valent tous le détour.
D'abord, Robert Hossein dans le rôle du commissaire chargé de "stopper" Belmondo. Enfin stopper, entendons-nous bien, définitivement, avec un extrême préjudice, bien sûr.
Le personnage, que joue Hossein remarquablement bien, sue le vice et la saloperie. Il se fait accompagner d'une fliquette, au moins aussi vicieuse, qui ne terminera vraiment pas à son avantage : "elle trempe" dira l'épouse… Chacun de ses échecs successifs sont des scènes jouissives. Et je ne parle pas de sa dernière scène où il se prend une balle dans le buffet. Libératrice, la balle.


Et puis, au choix, un excellent Michel Beaune en collègue et ami de Belmondo, excellent quand il a le cul entre deux chaises, un excellent Jean-Louis Richard en colonel Martin, chef des services secrets qui sait tout parce qu'il est le chef et qui ne sait rien mais ne l'avouera jamais.
De même, le toujours intéressant Jean Desailly, le ministre chargé de gérer le dossier "Joss" et qui aurait bien voulu se trouver sur une autre planète au moment de prendre une décision comme dans cette délicieuse scène où le colonel Martin, suant de toutes ses eaux, petit exécutant, attend du ministre, en train de pisser dans son froc, une décision. J'aime beaucoup Desailly dont les rôles sont rarement anodins.


Oui, "le professionnel" est un film d'espionnage, parfois border line, équipé de dialogues savoureux et de beaucoup de second degré, excellent et dont le suspense ne faiblit guère du début jusqu'à la fin.
Ça c'est du cinéma, du vrai. On commence le film et on oublie tous ses soucis. A la fin, on a oublié qu'on avait des soucis.


Ah oui, j'ai oublié de parler de la musique (Morricone) qui aurait été bien si "on" n'avait pas vendu les droits à un marchand de bouffe pour chiens...

JeanG55
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le 6 avr. 2022

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JeanG55

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