Je l'avoue d'emblée, je suis un grand fan de la vaste série des "Bebel", dont les rediffusions ont bercé mon enfance ; ces polars où notre Jean-Paul national reprenait plus ou moins le même rôle de flic solitaire, borderline et désinvolte.
Une sorte de Harry Callahan à la française, l'humour franchouillard et la gouaille en plus.
Il se trouve que "Le professionnel" était sans doute mon préféré de ces film policiers avec Belmondo, et ce pour au moins deux raisons : le thème inoubliable d'Ennio Morricone et la scène finale, belle, tragique, inattendue... Je crois en avoir chialé à l'époque.
Bon, cela dit, pour l'avoir revu récemment avec un œil adulte, le film se voit affaibli par un certain nombre de défauts majeurs, au premier rang desquels figure la partie inaugurale située en Afrique, dans un pays imaginaire, qui mélange allègrement naïveté idéologique, enfonçage de portes ouvertes et vision caricaturale des régimes africains post-décolonisation, sous couvert d'une réflexion sur l'hypocrisie de la raison d'Etat.
D'autre part, on constate un écart trop important entre une atmosphère générale lourde et vaguement politisée, qui entoure une majorité de scènes, et les respirations du récit, offertes aux facéties habituelles de Bebel, lequel hésite en permanence entre un sérieux de façade et sa légèreté de ton coutumière. La perplexité de l'acteur se traduit par une alternance entre ses tics de jeu bien connus et un comique de situation malvenu (la séquence avec les clochards, complètement hors de propos).
En dépit des ces fautes de goût gênantes, cette production Cerito à gros budget reste à mes yeux un grand moment de cinéma populaire à la française, en témoigne les noms accolés au générique (réalisation de Georges Lautner, dialogues de Michel Audiard).
Entre force de la nostalgie et efficacité du divertissement old school, "Le professionnel" conserve donc à mes yeux une place à part.