'' Le Professionnel, c'est pour mon ami ''
Le Professionnel aurait pu être un chef d'oeuvre, un témoignage virtuose du cinéma de l'ère Belmondo lorsqu'on repense vraiment aux atouts qu'il détenait. La musique d'Ennio Morricone possède d'abord un impact considérable sur la qualité du film. Puis le scénario brillant, très maîtrisé offrait de vrais perspectives à l'action et aux personnages, cadencés par des dialogues efficaces de Michel Audiard. Et puis Jean Paul Belmondo qui assurait à lui tout seul la partie comme souvent, s'adonnant à de nouvelles prouesses diverses et variés et se retrouvant face à des seconds rôles très convaincants et non négligeables (Robert Hossein, Michel Beaune et Cyrielle Claire). Mais Le Professionnel ne bénéficie cependant pas d'une réalisation aussi somptueuse que sa musique, Georges Lautner se contentant de livrer une mise en scène convenable mais trop convenu.
La direction d'acteurs laisse franchement à craindre au tout début du film lors du procès et la scène de l'évasion de Josselin Beaumont du camp de prisonnier avec son partenaire africain ne développe que trop médiocrement la densité épique de toute cette partie du film. Le montage est parfois décevant comme à la fin du film où la scène où Belmondo se dirige vers l'hélicoptère pour connaître son sort est bêtement coupé par un dialogue tout à fait inutile.
Le Professionnel demeure cependant un très bon cru d'une époque révolue, notamment pour sa critique habile et sobre des failles de ceux qui nous gouvernent, se prenant parfois les pieds dans leurs propres pièges, de l'état d'un monde hypocrite, incertain mais aussi pour le souvenir convaincant qu'il en laisse dans sa volonté de divertir, son art de divertir largement à partir de petits riens et malheureusement pour sa fin à l'échappée tragique.
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