Adaptation du récit témoignage du journaliste Georges-Marc Benamou, Le promeneur du champ de Mars n'en reprend pas le titre qui est "Le Dernier Mitterrand". Le nom de Mitterrand n'est même pas évoqué de tout le film et les autres personnages ont des noms différents. Benamou est Antoine Moreau, le docteur Tarot, autre intime du président durant les derniers moments de sa vie, devient le docteur Jeantot.
On voit un président éprouvant une fascination pour la mort et sa volonté de laisser une trace sans tâche dans l'histoire. De son amitié avec René Bousquet, son passé dans le gouvernement de Vichy, on ne saura rien. Mitterrand emportera ses mystères dans la tombe.
Plus intéressantes sont ses analyses, toujours d'actualité, sur sa vision de la fonction de président de la république. Avec l'Europe, la mondialisation, il se considère comme le dernier grand président, "ses successeurs ne seront que des financiers, des comptables". Il ne les ménage pas ses futurs successeurs. Selon lui, la gauche n'a pas à s'allier avec le centre. Ses racines sont les ouvriers, les salariés, les pauvres.
Alors, le dernier grand président oui sans doute mais le portrait que nous en dépend Guédiguian, homme de gauche, c'est surtout celui d'un homme resté lucide jusqu'au bout sur l'état de la France et du parti Socialiste, satisfait de son œuvre ("il n'y aura pas eu de crises ou de drames sociaux, je n'ai pas été chassé du pouvoir par la rue", allusion claire à De Gaulle) d'une très grande intelligence mais avec ses zones d'ombre pendant la seconde guerre mondiale et, à l'heure de la mort, toujours obsédé par des règlements de compte politiciens. Forcément, on n'est plus trop dans une relation de président/journaliste mais plutôt d'un maître faisant la leçon à un de ses élèves.
Captivant, et allant au delà du cinéma, pour celui s'étant un tant soit peu intéressé à la politique à cette période.