Bien sûr, Le Quart d'heure américain est un drôle de film à défaut d'être un film franchement drôle. Faire de Gérard Jugnot un sex-symbol parce qu'il est un "bon coup", c'est vraiment une pure idée des années 1980. Pour aller plus loin, Philippe Galland (le compagnon d'Anémone qui la mettra aussi en scène dans Le Mariage du siècle trois ans plus tard) fait de ce pauvre Jugnot un "laissé-pour-compte" un peu rêveur, autrement dit un loser sur le plan social. Propulsé dans un milieu branché avec des personnages pétés de thune ou qui se la pètent tout court, il va forcément dénoter, ce qui va donner lieu à quelques situations cocasses.
Si on est loin de l'esprit corrosif du Splendid, on retrouve cependant quelques critiques sociales bien senties, et Gérard Jugnot, en pauvre type sympathique, est sacrément attachant. Anémone, qu'on utilisait à l'époque pour jouer les beautés un peu allumées, s'acquittait à chaque fois fort bien de sa tâche même si elle n'avait pas forcément la gueule de l'emploi. Ici, elle est fidèle à sa réputation et a droit à ses petits moments de crise d'hystérie qu'elle savait parfaitement gérer. Le duo fonctionne donc plutôt bien et même si l'histoire n'est pas enthousiasmante, le film a gardé un capital sympathie.
Ce n'est pas une grande comédie, la fin est franchement guimauve, cela a forcément vieilli tant ces comédies étaient ancrées dans leur époque, mais l'ensemble dégage une certaine tendresse qui engage à l'indulgence.