Aucun lecteur du Quatrième mur de Sorj Chalandon n'a oublié ce roman situé dans le Liban en guerre de 1982. En l'adaptant, près de 10 ans plus tard, David Oelhoffen l'a simplifié, si l'on peut dire, en se focalisant sur cette utopie qu'était de monter Antigone, à Beyrouth, sur la ligne de démarcation, avec un casting constitué de comédiens de toutes les confessions. Comme si l'art pouvait sauver le monde ou, au moins, instaurer une trêve en plein cœur d'un conflit meurtrier. Le film, on le pressentait, ne pourrait pas être à la hauteur du livre, en dépit de la qualité globale de la réalisation, avec quelques scènes terribles à la clé et surtout avec l'interprétation impressionnante de Laurent Lafitte et celle au diapason de Simon Abkarian, auxquels il faut ajouter l'ensemble d'une troupe qui a vécu un tournage difficile, sur place au Liban, ce qui représentait un véritable défi, même si le pays connaissait un apaisement relatif. Qu'est-ce qui manque alors au film de David Oelhoffen pour toucher davantage ? Peut-être le resserrement de l'intrigue ou la noirceur quasi intégrale du long- métrage ? Un sentiment subjectif, évidemment, qui ne sera pas nécessairement partagé, en particulier par ceux qui n'ont pas lu Chalandon.