Les noms de Rudolf Vrba et d'Alfred Wetzler, Juifs Slovaques ayant réussi à s'échapper de l'enfer du camp d'Auschwitz-Birkenau, en avril 1944, restent encore méconnus. Le rapport qui porte leur nom, transmis aux Alliés, n'a pas permis le bombardement du camp, comme le souhaitaient les deux évadés mais a contribué à sauver des milliers de Juifs Hongrois. Filmer l'inconcevable, à savoir l'Holocauste, est une entreprise la plus souvent vouée à l'échec et même si les images de la première partie du Rapport Auschwitz rappellent celles du Fils de Saul, elles ne font que susciter le malaise, davantage que l'émotion. La suite, soit le calvaire enduré par les deux fuyards jusqu'en Slovaquie, est traitée de manière plus classique mais convaincante, comme une épreuve de survie. La phase décisive de révélation des crimes commis précisément à Auschwitz est en revanche largement tronquée, eu égard à ce que l'on espérait voir confirmer, à savoir un certain scepticisme des Allés et, en tout état de cause, leur choix de ne pas intervenir en privilégiant la continuation de la guerre sur le terrain. Ce vrai sujet n'est pas véritablement traité, alors qu'il pose des questions dont les réponses restent toujours insatisfaisantes. Quant aux déclarations récentes de politiciens xénophobes et racistes qui ferment le film, elles ont bien évidemment valeur d'avertissement sur les temps futurs sans que l'on soit persuadé qu'elles alerteront au-delà de ceux qui ont déjà la conviction que l'Histoire bégaie souvent.