Michel Hazanavicius non seulement se passionne pour le cinéma, mais est aussi un réalisateur surdoué qui doit en avoir encore sous la pédale, réalisant une carrière en dents de scie de par ses choix éclectiques et libres. L'idée de portraitiser un cinéaste comme Godard est un effet miroir;
Hazanavicius est inspiré par Godard. Il lui ressemble certainement par certains aspects. Il sait donc de quoi il parle.
Quoiqu'il en soit, Jean-Luc prend vie devant nos yeux, parfaitement incarné sous les traits de Louis Garrel. Le portrait psychologique que nous découvrons en le suivant, au travers des yeux de sa jeune femme, durant ces quelques mois de 1968 est passionnant et permet de comprendre sa nature sans compromis et obsessionnel. Le réalisateur le décrit lui aussi imperturbable dans ses idées, mais avec humour, finesse, et clins d’œil. Dépeint de manière peu flatteuse, notre Helvète se meut en autiste incompris, obnubilé par ses propres réflexions. Il apparaît également comme un être sans défense, vite dépourvu, qui s'excuse souvent après s'être emporté.
En suivant ainsi ce redoutable, on comprend mieux sa démarche artistique ainsi que son futur parcours en tant qu'OVNI du 7ème art remettant en permanence en cause son travail pour se réinventer à chaque fois.
Le film est drôle, intelligent, bien joué. On ne s'ennuie jamais.