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On ne s’attendait à rien, mais on est quand même déçus.

Bien dommage qu’est Le règne animal.

On aurait presque pu y croire, mais non.

Le rythme, même si parfois lacunaire, nous entraîne. Le problème, c’est qu’on ne sait pas où, et le réalisateur non plus.

Dans un monde où les hommes se transforment en animaux, le réalisateur tente de traiter de nombreux sujets, ce qui est tout à son honneur. Malheureusement, 2h08 de film ne suffisent pas à cela. De ce fait, il survole, aborde, effleure la question des discriminations un temps, les relations familiales un autre, le spécisme, puis c’est le rapport au deuil ou encore l’adolescence.

Il en vient donc à proposer des lignes grossières et parfois, on ne sait pas de quel côté le réalisateur veut nous faire pencher, ou même de quel côté lui penche. La scène entre Romain Duris et son fils est particulièrement déstabilisante, il est humiliant, menaçant mais finit par l’enlacer en pleurant. Il semble devoir être touchant, il est pourtant surtout condamnable. Il le traîne dans la forêt à la recherche de sa femme-singe qu’Emile ne considère déjà plus comme sa mère. L’adolescent ne veut pas mais tout est finalement sauf entre eux, un petit morceau de Bachelet dans une voiture, fenêtres ouvertes, cigarette à la bouche, hurlant à pleins poumons, tout est oublié. Qu’il est touchant ce Romain Duris.

Le règne animal donne l’impression d’un premier film auquel aurait été alloué un énorme budget. Comme si ce long-métrage était potentiellement le dernier et qu’il fallait tout faire narrativement et esthétiquement. Il donne l’effet d’un brouillon qui aurait mérité d’être pensé et repensé, d’être réellement problématisé. La frustration naît chez le spectateur, le travail de la photographie donnait espoir. La relation entre Emile et Fix, si elle avait été approfondie, aurait pu donner lieu à une approche particulièrement poétique de l’essence qui nous unit, nous êtres vivants.

Mais contrairement à cela, nous retrouvons un Romain Duris, poussif jusqu’au difficilement supportable qui tente le pathos, réussissant parfois tout en laissant chez le spectateur une forme de gêne.

Il était déjà détestable, malsain et critiquable sur de nombreux aspects mais Thomas Cailley n’a pas fini de nous gâter, Adèle Exarchopoulos vient former à ses côtés le duo de cinéma français que nous redoutons tous. Son personnage, au-delà d’être inutile, est grandement discutable. Le réalisateur pousse les traits de Julia au paroxysme des stéréotypes de la femme policière. Mauvaise écriture ou mauvaise direction d’acteurs ? Certainement des deux.

L’écriture des personnages féminins questionne, et à raison. Il y a la mère qu’on n’aperçoit que très rapidement qui justement, n’est une femme que dans les fantasmes de François, là où la question de ce qu’est d’être une femme aurait pu être réellement intéressante. Julia est juste creuse et agaçante à souhait et la jeune Nina, TDA sur pattes transpire la psychophobie. Non, être atteint d’un trouble ce n’est pas n’être que cela, ce n’est pas forcément être la personne étrange qu’on regarde avec gêne et pitié. Thomas Cailley aurait pu se passer de sa condescendance faussement bien-pensante. Surfer sur un début de libération de la parole autour des troubles mentaux n’est pas subversif, c’est opportuniste.

Dans sa toile mal tissée, entre fantastique, cinéma de genre, drame et on ne sait quoi d’autre, Cailley ne sait plus ce qu’il veut dire ni comment il veut le dire. Alors, spectateurs, nous regrettons les choix budgétaires du cinéma français. Nous pensons aux cinéastes qui peinent à produire leurs films. Mais, sans rancune. Nous gardons notre espoir de voir bientôt la beauté de cet art dont nous étions si fiers. En attendant, nous ne défendrons par le Le règne animal.

Alicepr
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le 22 oct. 2023

Critique lue 103 fois

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