Avec ce film, Thomas Cailley nous offre un film fantastique "à la française". Loin des effets spéciaux américains ébouriffants, d'un réalisme cru, il nous entraîne dans l'intimité d'une famille confrontée au changement radical d'un de ses membres.
Ces mutations, dont certains humains sont l'objet, s'apparent un peu à la pandémie passée, elles bouleversent les relations sociales, crispent l'altérité. Sauf qu'ici, cela va plus loin, l'apparence physique des personnes touchées devient bientôt très animale, trop selon nombre d'humains.
Il y a ceux qui rejettent, qui voient dans cette différence une monstruosité qu'il faut combattre tandis que d'autres essaient de conserver le lien. François est de ceux-là, il veut retrouver sa femme disparue, tout en craignant de voir ce qu'elle est devenue, un être trop éloigné de lui, de leur fils. Ce dernier, adolescent en pleine mutation hormonale, tente de faire face à cette situation. En effet, entre la disparition de sa mère et des camarades de classe aux opinions extrêmement diverses, il lui est bien difficile de trouver sa place.
Ce qui est exploré ici, c'est le lien entre un père et son fils dans une quête désespérée de retrouver ce qui a été perdu.
Les mutations sont somptueusement représentées et les scènes avec les humains et leurs pairs devenus animaux sont toujours bouleversantes, l'humanité affleurant sous les poils et les plumes. Quelques longueurs ici et là ne gâchent pas pour autant un très beau film qui démontre, s'il en était besoin, que nombre d'humains ne le sont au final que par leur apparence, leur animalité sauvage ressortant dès la première contrariété.
Avec un épilogue en forme d'ouverture, il est permis de voir dans Le règne animal les développements que chacun voudra envisager, comme des opportunités offertes à l'imaginaire...