Sans être nouveau le thème de l'homme/animal intrigue et fascine, invariablement.
Il est plus moins bien traité, plus ou moins convaincant, poétique, symbolique, effrayant, délirant...
"Le règne animal" nous embarque dans un conte philosophique qui aborde sans l'approfondir la question de la métamorphose, ici principalement physique, due à "la maladie". Les mutations et évolutions intérieures plus subtiles, ne sont pas explorées.
Parmi tous les thèmes abordés, celui de la différence - vieux comme le monde - avec la peur qu'elle suscite, est central. On y trouve aussi, entre autres, cette question : comment laisser partir un être aimé malgré le désir que l'on a de le protéger, accepter de le perdre en le laissant libre de suivre son évolution propre et de vivre une vie tout autre que celle que l'on avait imaginée, la sienne.
Romain Duris est bouleversant en mari et en père aimant dépassé par ce qui arrive et confronté à son impuissance totale face à la situation. Paul Kircher est un jeune acteur prometteur qui n'a pas à défendre ici un personnage très nuancé ni très subtil, l'adolescent au visage parfois inexpressif et hébété, convient parfaitement à ce jeune Emile atteint d'un mal déshumanisant.
Par ailleurs je déplore plusieurs séquences très sanguinolentes. Sont-elles vraiment indispensables pour faire comprendre que toute transformation ne peut se faire que dans la douleur ? Ou bien répondent-elles à une soif de sensations fortes, d'images violentes dont on se délecte, de goût du sang ? Les gros plans répétés sur ce type d'images empêchent "Le règne animal" de prendre de la hauteur, me laissent dubitative et profondément mal à l'aise.