J'ai revu ce film en replay, je ne l'avais pas revu depuis longtemps, et mon enthousiasme est peut-être plus modéré, même si ça reste un bon film.
Henry Hathaway dresse un portrait édifiant, vigoureux, sinon tout à fait exact du maréchal Rommel dont la légende a fait un peu hâtivement un symbole de la résistance de la Wehrmacht au nazisme. La fascination d'Hollywood pour certains militaires allemands est évidente ici en donnant une image très aristocratique et un peu flatteuse du célèbre maréchal, connu pour son respect scrupuleux des lois de la guerre. Il faut dire que le choix du point de vue allemand est assez audacieux 6 ans après la fin de la guerre. James Mason contribue à façonner cette image humaniste d'un grand soldat qui paya justement d'être trop lucide face aux directives suicidaires d'Hitler. Grâce à son jeu, sa diction posée et son élégance britannique, Mason livre une interprétation tout en finesse, et ce rôle figure parmi ses meilleurs.
Le film n'adopte pas le ton du film de guerre-spectacle ; assez concis dans son développement, embelli par des dialogues brillants, il souffre un peu de son budget limité, de sa photo en noir & blanc (mais qui permet l'insertion habile de nombreuses images d'archives), en jouant ouvertement la carte de l'approche psychologique, et de ce côté, c'est réussi, même si cette approche semble un peu didactique par endroits. L'important est de bien montrer que Rommel avait compris la folie d'Hitler et qu'il était partisan qu'une paix avec les Alliés était souhaitable afin d'éviter des morts inutiles. C'est sans doute aussi pour ça que le film eut un beau succès, c'est ce succès qui permit à Robert Wise de réaliser 2 ans plus tard, les Rats du désert où James Mason ré-endossera la défroque de Rommel en rôle secondaire.