Même si tout critique de cinéma ayant la moindre culture nippone la réfutera, la comparaison entre le Naruse de ce "Repas" et Ozu est d'abord difficile à écarter : chronique patience et peu à peu déchirante de la vie de représentants de la classe moyenne, le film semble longtemps hésiter entre le naturalisme simple - mais profondément humain - qui caractérise le grand maître du cinéma intimiste, et ce qui s'avère de plus en plus un sens du mélodrame un peu cruel, mais aussi très noir, et qui finit par l'en distinguer. Setsuko Hara, qui joue comme on saigne, confirme en 90 minutes qu'elle fut la plus grande (et la plus belle) actrice japonaise de tous les temps, et la conclusion, qui semble l'espace de quelques phrases en voix off faire l'apologie de la résignation et du poids de la tradition, est d'une terrible noirceur. Sans être un chef d'oeuvre, "le Repas" confirme l'importance de Naruse au sein de l'éblouissant cinéma japonais des années 50. [Critique écrite en 2006]