On pourrait résumer la carrière de Naruse par la première partie d'une citation d'un humoriste français "Le Mariage est un cercueil", et ce n'est pas "Le Repas" qui va faire dire le contraire...
La très rayonnante et charismatique Setsuko Hara dans le rôle de la femme au foyer qui, bien qu'elle ait fait un mariage d'amour, est face au bout de cinq années d'union à un époux dont la seule phrase qu'il semble capable de lui sortir c'est "J'ai faim", à une vie quotidienne qui se résume uniquement aux tâches ménagères et dont la seule pointe d'excitation vient d'un petit chat qu'elle a adopté ; pour résumer elle se fait chier comme un rat mort...
On croit candidement que l'arrivée surprise d'une très belle nièce fugueuse va apporter un peu de fraîcheur à ce très morne quotidien ; au contraire ce sera la goutte qui fera déborder le vase...
Une fois de plus la réalisation de Mikio Naruse est un modèle d'élégance et d'intelligence, il suffit de voir comment il utilise le symbolisme des objets pour s'en assurer à l'instar de cette pendule en aussi bon état que le mariage de la protagoniste, donne de la consistance à chacun de ses personnages, principaux et secondaires, et dirige (une fois de plus !!!) admirablement Setsuko Hara, qui n'a pas besoin de la parole pour exprimer la résignation, un simple regard suffit largement.
A la plénitude de son talent, avec "Le Repas" Naruse réalise incontestablement un grand film...