Durant la guerre du Vietnam, à la fin des années 1960, un homme part sur le front, laissant son épouse seule. Pour participer à l'effort collectif, elle va travailler comme bénévole dans un hôpital de vétérans, où elle va retrouver son premier amour, devenu paraplégique.
Pour Jane Fonda, qui a clairement été l'initiatrice et la coproductrice, ce projet était important. Car il s'agissait de parler de la guerre du Vietnam non pas sur le front, mais sur le sol américain, où les soldats revenaient souvent dans des états seconds, traumatisés par ce qu'ils ont vus, quand ils ne furent pas amputés ou blessés physiquement. C'est clairement inspiré de l'histoire de Ron Kovic, dont Oliver Stone en tirera un film avec Né un 4 juillet, mais ici, les scénaristes ont fait le choix d'orienter le récit vers une histoire d'amour à priori impossible. Celui d'un homme diminué physiquement, qui ne peut que se déplacer en fauteuil roulant, incarné par un Jon Voight bouleversant, et une Jane Fonda qu'on s'imagine impliquée par son activisme quelques années plus tôt, et on sent que le film respire une véracité. Non seulement par la présence de véritables personnes infirmes mais aussi par cet amour presque contre-nature, alors que le mari incarné par Bruce Dern est parti au front.
Mais quelque part, c'est l'engagement militaire, et l'envie des jeunes de s'engager vers l'inconnu, qui est mis en cause dans le film. Pas d'un air critique du genre vous avez vu, mais des conséquences possibles. De fait, Retour est clairement anti-guerre, et c'est avéré dans le discours final de Jon Voight qui va s'exprimer devant des volontaires, et on sent que là, c'est le cœur qui parle.
C'est un film qui je ne connais déjà, et qui, vingt ans après, conserve une force indéniable. Notamment dans la scène qu'on pourrait redouter, qui est celle de la scène de sexe, mais qui garde une certaine pudeur, à l'image des sentiments naissants entre les personnages de Voight et Fonda. Même si je ne m'attendais pas à ce que cette dernière soit autant doublée, dans les plans où on ne voit pas sa tête.
A l'époque, le film était critique parce qu'il était considéré comme un juke-box de 2 heures. Mais avec le recul du temps, entre une B.O. où il y a les Beatles, les Stones, Janis Joplin, Bob Dylan, Aretha Franklin ou encore Steppenwolf : oui, c'est un orgasme auditif.
Hal Ashby est un réalisateur qui me passionne, un peu oublié aujourd'hui car il est mort assez jeune, mais qui a réussi une décennie 70's de haut vol. Retour sera non seulement un gros succès, mais Jon Voight et Jane Fonda gagneront chacun un Oscar, ainsi que les scénaristes. C'est un film qui devait se faire là à ce moment (1978), et qui sera paradoxalement le début d'une période cinématographique sur le Vietnam.