- Scène: campagne de Chine reculée, des paysans qui vont rarement à la ville, vivent dans des maisons de torchis qu'ils bâtissent eux-même ; seuls les plus riches ont des véhicules, les autres n'ont ni voitures pour se transporter ni tracteurs pour labourer ou semer les champs.
- le cadet des frères Ma, surnommé "Fer" est un homme taiseux et exploité par ses frères "Argent" et "Or", et gentiment moqué par tous au village. Il est travailleur et est bon envers les bêtes. Il est pauvre et personne, en particulier pas ses frères, ne veut payer pour son mariage.
- Guiyin a été battue dans son enfance. Il en garde une marche claudiquante et une incontinence embarassante. Elle aussi est une "push-over". Personne ne veut l'épouser.
- Les familles se disent qu'en les mariant, elles peuvent se débarasser de deux indésirables. Et c'est ainsi que les deux se retrouvent sous le même toit dans une relation sans complicité et purement utilitaire.
- La bonté naturelle des deux personnages et la vie difficile de la ferme, ponctué de labeurs interminables, aura raison des barrières de la timidité. Une véritable intimité se noue autour de choses très simples.
- Les villageois se moquent de ce couple improvisé. Quand ils doivent interagir avec le couple, il refuse même de passer le seuil de la porte. Malgré tout, tous s'étonnent de la solidité grandissante de leur mariage.
- Guiyin, très tôt, s'inquiète du bien-être de son mari. Quand on lui propose/impose de donner son "sang de panda" pour aider la caïd local malade, elle essaie (quoique mollement) de s'y opposer. Quand il doit rentrer dans le froid, après une course pour ses frères, elle marche à sa rencontre avec de l'eau chaude.
- "Fer", lui, s'assure du confort en tout point de sa femme: il lui évite de marcher, en l'asseyant dans la charette, il lui offre un beau manteau acheté après une course en ville, il lui montrant comment en pressant cinq grains de blé contre la peau, on peut y faire une marque en forme de fleur.
- Finalement, c'est sa bonté qui tuera Guayin. Malade, et honteuse de l'être, elle essaie comme à son habitude d'aller à la rencontre de son mari pour lui apporter de l'eau. Elle se sent mal et tombe dans la rivière sous le regard passif des villageois. "Fer" court pour la sortir de l'eau mais elle est déjà noyée.
- Après sa mort, "Fer" finit de liquider toutes les marques de leur vie conjugale (la maison qu'ils avaient batie ensemble, les cochons, poules et ânes qu'ils avaient réussi à s'acheter), et les dettes, réelles ou morales, qu'il avait contracté auprès d'autres villageois. Puis il se laisse mourir.
- Les paysages sont nus, décharnés et beaux.
- La rythme est lent et, de ce fait, confortable. Une myriade de scènes de travaux agricoles et artisanaux pour une seconde d'amour et de bonté.