Peinture d'une paysannerie rudimentaire vouée à disparaître, rattrapée par l'appât du gain et le capitalisme larvé de la Chine contemporaine, Le retour des hirondelles est une œuvre exigeante par sa lenteur, sa longueur, et sa distance qui le desservent.
Le montage, d'un fatalisme presque insensible, retranscrit ces vies qui suivent leur cours, franches, inarrêtables, prenant comme ils viennent les bonheurs comme les tragédies. L'image, remarquablement maîtrisée, est au plus près des gestes d'agriculture et d'un quotidien à son niveau le plus élémentaire : travailler, manger, boire, pisser, dormir.
Mais ce qui marque c'est évidemment son couple principal, remarquablement interprété, qui pourrait rappeler le cinéma de Bruno Dumont. Un couple forcé, formé par ceux que l'on a tôt fait de prendre pour les idiots du village et dont on veut se débarrasser. Rejetés, maltraités, décalés et mutiques, ils trouvent pourtant à deux la force de résister et de mener à bien leur projet.
En résultent de très belles scènes et des moments d'amour non-dits, d'un rire mêlé aux larmes sous une pluie torrentielle une thérapie à l'eau fraîche en forme de baptême. La bonté pure de ces personnages, leur honnêteté, leur rapport à la nature, leur simplicité et le profond romantisme qui se dégage de leurs rares interactions, est ce qu'on retient de ce beau film, bien que plombé par son rythme difficilement accessible.