La triple alliance
Pour commencer, remercions comme promis Guyness qui m’a fait me rendre compte que parmi les bonus de mes DVD, désignées en petits caractères sur la jaquette, comme honteusement, se trouvent...
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le 6 juin 2013
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Rappel de mes propos préliminaires : à la suite des heures consécutives sur le dernier jeu tiré de l'univers et de la lecture navrante d'une critique sur l'un des opus de la Prélogie, l'envie s'est fait sentir de repartir dans les tréfonds de mon enfance et d'affronter l'un des piliers de ma culture cinématographique. Je ne cacherai pas que je suis l'un de ces enfants de la "génération Prélogie" (dîtes aussi génération "Septembre 2001", à vous de choisir) mais je vais essayer de dépasser la subjectivité inhérente à ce que m'ont fait ressentir ces trois opus. Poursuivant donc ma réflexion, l’heure est venue de conclure l’Evangile selon Saint George Lucas et d’affronter le dernier opus de cette saga légendaire…
Lucas est décidément un bien curieux personnage. Père spirituel d’une révolution technologique et idole parmi les idoles dans une culture populaire nord-américaine en pleine expansion, Lucas n’a, semble-t-il, plus grand-chose à prouver.
Lucas a en effet de la suite dans les idées, avec une anticipation folle sur plusieurs décennies, une équipe technique rodée et fidèle, et des dollars pleins les poches. Surtout il conserve un casting bien identifié par les fans qui bon an mal an rempile. Et ce, malgré les turpitudes de certains. Carrie Fisher se bat depuis des années contre la drogue, Harrison Ford souhaitait faire mourir Han Solo à la fin de l’opus précédent et Mark Hamill… non rien de son côté en fait.
Mais Lucas commence déjà à souffrir d’une relation toxique avec les adorateurs de sa création. Et n’ignorant pas la formule réussie du V avec un duo « réalisateur externe qui a les mains dans le cambouis » et Lucas « figure tutélaire qui se concentre sur la mythologie et les effets spéciaux », ce dernier fait le pari de rempiler. A charge donc pour un réalisateur britannique – que l’Histoire aura bien vite balayé- de prendre en charge la partie technique.
Mais Dark Lucas n’est pas loin et clairement ça se sent. Notamment quand son côté commercial prend le dessus. Oui, je pense bien aux Ewoks.
Mais n’anticipons pas !
Une trilogie à conclure donc. Des studios en embuscade, des fans survoltés et une pression mondiale ? Un terreau fertile pour une réflexion saine.
George Lucas n’a jamais été un bon scénariste ou bon dialoguiste, de son propre aveu. C’est un fait. Le bonhomme dispose néanmoins de sérieux atouts : une imagination indiscutable, des équipes techniques dévouées et un maestro qui rempile. Ainsi à défaut d’un scénario bien ficelé, la forme sera belle. Donc le fond…
S’il vous plait, parlons-en. Les premières trente minutes sur Tatooine et la libération de Han Solo ne font aucun-putain-de-sens. Sérieusement. Quand j’étais gamin, j’avais un faible pour l’éléphant bleu qui est au piano (oui, je me concentrais sur un personnage qui doit avoir trois secondes de scènes en tout pour tout). Mais l’ayant revu adulte (le film, hein, pas l’éléphant), il faut tout de même en parler.
A quel moment ces premières trente minutes sont logiques ? Je suis resté bouche bée devant tant d’incohérence. Résumons. Pour libérer Solo, toujours en carbonite, Luke et Cie se sont accordés pour y aller en plusieurs vagues, afin d’infiltrer le palais de Jabba. Lando Calrissian est donc le premier, se faisant passer pour un garde. R2-D2 et C3PO s’offrent littéralement à la grosse bestiole ( ?). Chewie s’infiltre en se vendant comme prisonnier ( ??) avec une Leia déguisée en chasseuse de prime, et finalement Luke vient lui-même, sans son sabre ( ???) se faire prisonnier en ayant au préalable donner son sabre à R2D2 ( ????). Finalement tout ce petit monde échoue à faire sortir Solo, tout de même libéré de la carbonite.
Ayant au préalable, c’est comme ça qu’il faut le comprendre, anticipés qu’ils seront sacrifiés au Sarlac et qu’ainsi R2D2 obtient une opportunité pour envoyer le sabre-laser à Luke ( ????) avec un Jabba exposé, probablement plus que dans son palais et les quatre gardes gamorréen pour le protéger….
Bref, je n’ai rien compris. Je ne comprends pas où ils veulent aller.
Le Rancor et le Sarlac sont certes de toute beauté (on a les déviances qu’on mérite). Star Wars reste un univers avec des créatures plus impressionnantes et diverses que les autres, ce qui fait plaisir à voir.
Mais pourquoi l’avoir vendu comme cela ? A part pour nous prouver que Lucas ne sait pas gérer ses personnages culte (Boba Fett en est la cruelle incarnation).
Pour le reste, le scénario ne s’en sort pas trop mal. J’ai toujours un petit soucis philosophique avec les Ewoks, peluches mignonnes certes (et rentables) qui sont une belle incarnation du David contre Goliath (qui mettent à mal les troupes d’élites de l’Empereur, je le rappelle) mais qui rallongent inutilement le film.
Il faut tout de même nuancer : lors de mon dernier revisionnage, j’ai finalement trouvé cette partie plus courte que dans mes souvenirs. On aurait selon moi gagner à avoir plus de batailles spatiales, qui ne doivent pas dépasser les dix minutes dans un film de deux heures tout de même. Le film aurait gagné avec moins de poils et plus de métal.
Parce que ce film réussit de très beaux moments. L’arrivée de L’Empereur dans l’étoile de la Mort est une scène d’anthologie. Le contraste entre le noir, le blanc et le rouge est absolument magnifique. La puissance de jeu d’Ian McDiarmid irradie et éclipse tout le reste.
Globalement, c’est bien l’arc de l’Empereur qui l’emporte haut la main. En assez peu de scènes, il impose sa présence. Et renvoie les autres soubresauts du scénario dans les abysses. Il faut surtout penser aux spectateurs qui n’ont pas vu la Prélogie, et qui appréhendent mal ce personnage. Pourtant, je peux attester que même aujourd’hui, il reste un antagoniste de premier plan. Pétri de certitude, ayant un coup d’avance sur ses adversaires et n’hésitant pas une seule seconde à encourager des parricides, un adversaire comme on les aime finalement.
Si on parle des antagonistes, on ne peut pas oublier Dark Vador évidemment.
Ce que j’apprécie dans la version Lucasienne de Star Wars, c’est que regarder Le Retour du Jedi avec seulement le IV/V/VI ou les I/II/III/IV/V/VI en tête, l’impact est toujours aussi puissant. Je serai presque à considérer que la fin de l’histoire d’Anakin est encore plus prégnante en considérant les événements de La Revanche des Sith.
Mais force est de constater que l’idée de superposer un combat entre la lumière et les ténèbres sur une quête de rédemption familiale fait toute la force de ce récit. L’Empereur, véritable Méphistophélès, pousse inlassablement un combat à mort entre un père et un fils, un Jedi déchu et un Jedi en devenir.
Le génie de Lucas est d’arriver à maintenir un effet tragique crédible avec des dialogues globalement abscons. Ce qui démontre un talent certain. Et c’est bien ça qu’on regrette finalement. De ne pas y concentrer plus de temps d’écran.
Par exemple, je pense qu’on aurait pu insister sur le jeu dangereux auquel Yoda et Obi-Wan jouent depuis le début. En montant ostensiblement un fils contre un père, étant en parfait coordination avec l’Empereur sur ce coup.
Ou que le duo de gentils se garde une carte maîtresse en la personne de Leia si jamais Luke échoue.
Une brèche pourtant claire dans cet affrontement « bien contre mal ».
Un sujet peut-être plus passionnant que des peluches prenant C3PO pour un dieu par exemple ? Je pose ça là (comme disent les vieux qui veulent faire jeunes).
Parce qu’au fond, ça donne surtout l’impression que Lucas et Cie ne savent pas trop où aller.
Nos héros par exemple. Solo devient le chef rebelle qu’on voyait en lui. Luke embrasse sa destiné et fait triompher la lumière en promettant une nouvelle ère de Jedi pour faire prospérer la paix et la justice. Leia démontre plus d’une fois son intrépidité et sa force de caractère.
Pourtant, rien. Aucun éclat à peine. Pour vous donner une idée, de ma critique du IV, j’en avais tiré un éloge de la Princesse, celle du V, un éloge de Solo et c’est tout naturellement que je pensais me tourner vers Luke pour celle du VI. Un trio, un film où chacun brille. D’une logique bien huilée.
Et bien, même pas. Luke a beau concentrer le récit autour de sa personne et des choix qu’il a faire, je n’ai jamais senti dans ce sixième opus une ode à l’héritier Skywalker.
On sent bien que le film tourne autour du destin de Luke pourtant il ne sort jamais vraiment de l’archétype du héros-totem. Et ce, même lorsqu’il saisit son sabre-laser pour frapper l’Empereur. Le combat comme Vador est intense mais plusieurs fois, Luke baisse sa garde pour signifier son aversion de combattre son père.
Le seul éclat dans une personnalité trop lisse arrive quand Vador mentionne Leia. Trop peu, trop tard ?
Cet opus est plein de bonne volonté et doit affronter le défi de conclure une trilogie, déjà légendaire avant même sa conclusion. Film qui restera toujours dans l’ombre de L’Empire-Contre-Attaque. Pour de nombreuses raisons d’ailleurs. Une moins bonne maîtrise des personnages, un scénario plus bancal et qui ne peut pas réitérer le climax du V (la révélation de la filiation entre Vador et Luke fait sombrer dans les abysses celle du V et les liens de Leia, Luke et Anakin/Vador).
Néanmoins, mesurons. Pour une vision Lucasienne, le VI est le miroir parfait du III. Anakin remplit son rôle, détruit les Sith après avoir anéanti les Jedi, laisse le choix à ses enfants de poursuivre leur route et offre un répit à la Galaxie. La première génération des Skywalker a fait table rase du passé, Yoda, les Jedi et leur immobilisme sont poussières, les Sith balayés, il reste donc à la deuxième génération le soin d’écrire la suite (évidemment en tenant comptes des erreurs de leurs aînés).
Ils ont pour eux des compagnons de lutte (un Han Solo qui ne fuit plus et qui assume ses responsabilités notamment) une Rébellion victorieuse et une Galaxie qui ne se fera plus marcher dessus.
Ah… quel sentiment de progression. Heureusement que ces bases sont solides pour la suite made in Disney.
Heureusement…
Que conclure ? Conclusion somme toute naturelle. Très Lucasienne. Intense, décevant, épique et déroutant.
P.S. : allez, restons sur 7/10. Drop the mic.
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Créée
le 15 oct. 2022
Modifiée
le 15 oct. 2022
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