Royal Deluxe

Belle composition de David Michôd, vraiment !
J'ai été agréablement surpris par ce gloubi-boulga historique : mélange de pièces de Shakespeare et de chapitres connus de l'histoire de France et d'Angleterre.
C'est brodé de façon remarquable et on se laisse facilement prendre au jeu de ce récit plutôt bien ancré dans certaines réalités historique, assez pour tenir la route jusqu'au bout.
Ce film signe le retour de Michôd à son style de prédilection : le film dramatique, presque noir. On retrouve les figures de proues de ses précédents métrages, campant des personnages qui leurs sont désormais habituels. Edgerton en gentil bouffon triste, Mendelsohn en détestable perturbateur. Seule l'apparition de Pattinson me laisse de marbre... mais c'est aussi son rôle qui veut ça.
Sean Harris est remarquable.
Mais le choc est une nouvelle fois imputable à Thimothée Chalamet, dont l'immense talent se révèle un peu plus à chacune de ses apparitions sur grand écran. Un jeu fin, une profondeur et une justesse qui font mouche malgré son jeune âge. Future (ou déjà) star, il n'en reste pas moins un excellent acteur qui porte bien haut le rôle principal de ce film.
Mais retour à la présentation, au travail de fond, avec pour ce nouveau film beaucoup de qualités visuelles. Des images léchées, un gros travail sur les costumes et fait assez rare dans ce genre de film, une vraie cohérence historique. Les lumières sont magnifiquement rendues, ainsi que les parties du tournage en décor naturel. Un travail tout particulier sur le contre-jour donne une profondeur aux dialogues et jeux de duperies qui tirent les ficelles du scénario.
Les scènes de guerres sont d'une rare intensité. J'ai été saisi par l'impression de réalisme qu'elles rendent, la tension et les moments de terreur qui s'en dégagent. A de courts instants, je me suis vu dans mes livres d'histoire, les gravures et les tapisseries prenant littéralement vie !
On est ici très loin d'un Jeanne d'Arc de Besson ou de tout autre long métrage cherchant à mettre en avant le côté héroique des protagonistes de notre histoire.
Une des grandes valeurs de The King est justement le fait de montrer les faiblesses de chaque personnage, leur parcours dans le chaos de la hiérarchie. Michôd surfe sur cette vague de films qu'il me plaît d'appeler les "humanistes", où les acteurs principaux du récit sortent de leurs écrins d'argent pour nous offrir des interprétations pleines d'émotions, de sentiments... un cinéma qui est plaisant car plus proche des réalités du quotidien.
Sortir des pièges de l'héroisme est une victoire pour des films historiques.
La sensibilité des images et la qualité de la bande son ajoutent la touche finale à ce joli tour de force.

Un film que je vais avoir envie de revoir sous peu.
Une fresque chevaleresque qui en a sous les sabots !
A découvrir.